En 1983, le premier comité de rédaction de Circuit – Pierre Marchand, Johanne Dufour, Josée Ouellet Simard, Nada Kerpan, Paul Horguelin, Robert Dubuc – s’embarquait dans une belle aventure. Mais savait-il à quel point les articles de ce premier numéro étaient prémonitoires ou, à tout le moins, qu’ils allaient rester d’actualité 30 ans plus tard?
Au sujet des premières incursions de l’ordinateur dans le domaine langagier, Circuit posait la question : « la machine aliène-t-elle? » ou encore « la machine est-elle un facteur de déshumanisation? ». Autre question encore d’actualité : « Le service de traduction dans l’entreprise : une dépense nécessaire? ». Enfin, le président français Valéry Giscard d’Estaing s’alarmait déjà de la prolifération des termes anglais dans la langue française et insistait sur la nécessité de protéger, moderniser et promouvoir le français. Sounds familiar?
C’est ce qui ressort de l’exercice auquel s’est livré le comité de rédaction de Circuit à l’occasion de ce 30e anniversaire. L’idée consistait à remonter dans le temps et à suivre l’évolution de notre profession à travers les divers dossiers qui ont jalonné l’existence de notre magazine sur les 30 dernières – nous avons envie de dire 30 petites dernières – années. Nous voulions également, avant de passer définitivement à l’ère numérique, faire, en quelque sorte, le point, et rendre hommage à nos prédécesseurs.
Nous nous sommes donc mis au travail et avons passé en revue tous les numéros de Circuit, du numéro 1 au numéro 119, pour dégager les thèmes récurrents. Sans surprise, le marché, les conditions de travail et la formation ont été au centre des préoccupations, avec les progrès technologiques et la sacrosainte reconnaissance professionnelle. Et on constate, en parcourant ces articles, combien notre profession a été malmenée par trois récessions et les compressions de personnel et de coûts qui s’en sont suivies, par des progrès techniques fulgurants qui l’ont menacée et la menacent toujours, et par une méconnaissance du public qui ouvre régulièrement la porte aux charlatans.
Et pourtant elle tourne. Car à chaque menace il y a eu résilience, à chaque problème il y a eu solution ou piste de solution, à chaque changement il y a eu adaptation. Notre profession a su évoluer avec son temps et faire face au changement avec une souplesse inégalée, protégée qu’elle était et qu’elle est toujours par une croissance exponentielle de la demande. Nos recensions en font foi et, si la situation actuelle n’est pas facile, ce que nous apprenons des 30 années passées redonne confiance en l’avenir. Mais les mots clés seront adaptation, affirmation et innovation.
Circuit a abordé bien d’autres sujets pendant tout ce temps, notamment le marché de la traduction vers l’anglais, que Barbara McClintock a exploré. Et bien sûr la terminologie, l’interprétation, la traduction littéraire, la traduction multilingue, autant de sujets que nous aurions aimé évoquer ici. Mais il a fallu faire des choix. La bonne nouvelle est que notre nouveau site comprend une page d’archives qui permet d’accéder à tous les anciens numéros et de retrouver, en un clic, un trésor de connaissances.