Le présent numéro propose une incursion du côté de la traduction jeunesse qui, on peut s’en douter, n’est pas toujours un jeu d’enfant. Tout d’abord, Roberta Pederzoli, professeure à l’Université de Bologne, s’intéresse à la traduction pour la jeunesse dans une perspective de genre et pose la question suivante : traduit-on pour les filles, traduit-on pour les garçons? Cela amène une réflexion sur la traduction, la langue et le genre, car d’une certaine façon les enfants sont aux premières loges en cette matière. De son côté, Ann Marie Boulanger, traductrice agréée, aborde les enjeux concrets de la traduction d’œuvres jeunesse québécoises destinée au marché étatsunien. Elle parle des contraintes imposées aux traductrices dans ce contexte et présente des exemples de « reformatage » tirés de son expérience professionnelle. En contrepoint, Mylène Goupil, qui a publié à ce jour trois livres pour enfants, nous propose le point de vue de l’autrice devant son œuvre traduite.
Dans un autre registre, Audrey Coussy, professeure en traductologie et traduction littéraire à l’Université McGill, nous transporte dans un univers prisé des adolescents, celui du roman d’horreur. Elle nous apprend que c’est par l’entremise de la traduction que ce pan de la littérature jeunesse s’est imposé dans le monde francophone. Et comme la traduction jeunesse ne se limite pas à l’écrit, notre collaboratrice et copilote du présent dossier Caroline Coicou Mangerel lève le rideau sur le domaine du théâtre. Elle nous fait découvrir les multiples adaptations auxquelles ont recours les compagnies théâtrales pour amener leur art à leur public. Pour accrocher les tout-petits, les jeunes enfants ou les adolescents, les dispositifs utilisés sont nombreux et imaginatifs. Cependant, le travail d’adaptation ne s’arrête pas là, puisqu’on cherche aussi à élargir l’accessibilité, notamment par une interprétation en langue des signes ou des représentations sensoriellement adaptées.
En complément de notre numéro, Audrey Canalès, professeure adjointe à l’Université de Sherbrooke, pose que la traduction n’est pas que verbale et, dans la chronique La esfera hispánica, la professeure et traductrice mexicaine Angélica Ramírez explique notamment la difficulté de traduire quand de nombreux mots de la langue d’arrivée ont des sens différents selon le pays ou la région.
Nous espérons que vous aurez plaisir à parcourir notre survol de ce vaste domaine qu’est la traduction jeunesse. Bonne lecture!