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Enseigner la terminologie en 2017

Au Québec, « augmenté » ici de la ville d’Ottawa, neuf établissements offrent des cours de terminologie dans le cadre de leurs programmes de traduction, dans un enseignement parfois réparti entre deux départements distincts (programme de jour et programme de l’Éducation permanente). Il s’agit des établissement suivants : Université Concordia, Université McGill, Université de Montréal, Université du Québec à Chicoutimi, Université Laval, Université de Sherbrooke, Université d’Ottawa, Université du Québec en Outaouais et Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Fin 2016, on a cherché à dresser un tableau de la situation de l’enseignement de cette discipline. Voici ce qui ressort de l’enquête.

Par Carlos Del Burgo, terminologue agréé, traducteur agréé1

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  • La palette des diplômes en traduction va du tandem certificat/DESS jusqu’au doctorat.
  • La scolarisation en terminologie varie entre un seul cours et treize cours par programme de traduction, pour un enseignement de jour ou de soir; en présentiel ou en distantiel; par des professeurs à temps plein, des chargés de cours ou une combinaison des deux. On note que l’UQTR est la seule à offrir un programme entièrement à distance.
  • En général, les cours donnés par les universités sont de type Terminologie 1 et Terminologie 2, autrement dit Terminologie générale et Terminologie avancée. C’est l’Université Laval qui décroche la palme du répertoire le plus vaste : Terminologie et recherche documentaire; Terminologie avancée; Outils informatiques du traducteur ou du terminologue; Stage court de traduction ou de terminologie I; Stage court de traduction ou de terminologie II; Stage long de traduction ou de terminologie; Terminologie bilingue; Terminologie bilingue avancée; Lectures dirigées en terminologie; Terminologie : sujet libre; Sujets spéciaux en terminologie; Traductique et terminotique; Histoire de la traduction et de la terminologie; Essai en terminologie; Néologie terminologique; Aménagement terminologique. Treize cours et trois stages!
  • Le bagage du corps enseignant est assez uniforme : maîtrise ou doctorat, et non plus simplement baccalauréat, comme cela pouvait être le cas il y a une trentaine d’années. Cependant, peu d’enseignants sont terminologues agréés (Concordia, Laval, McGill et Université d’Ottawa).
  • L’instruction varie grandement d’un établissement à l’autre, la théorie occupant parfois plus de place que la pratique – avec, dans certains cas, un éclairage résolument linguistique (Laval et UQTR). L’approche adoptée par les établissements se fonde soit sur le bilinguisme canadien (Loi sur les langues officielles, notamment à l’Université d’Ottawa, qui collabore de près avec les instances fédérales) soit sur la démarche de francisation du Québec (Charte de la langue française, à l’Université Laval, proche des pouvoirs publics québécois). Concordia et McGill cultivent pour leur part une certaine ouverture à l’espagnol et à l’italien.
  • Les méthodes en usage sont nombreuses et parfois disparates : les enseignants se servent des manuels de Maria Teresa Cabré, de Robert Dubuc, de Marie-Claude L’Homme et de Silvia Pavel, entre autres, pour encadrer des groupes dont la taille varie de 7 à 80 étudiants.
  • Les départements hôtes favorisent l’informatisation des outils de terminologie, enseignants et étudiants pouvant s’appuyer sur LogiTerm, MultiTerm et quelques autres bases ou programmes présents sur la Toile (Termium, GDT, IATE, Onterm, Unterm, notamment). Par ailleurs, ils collaborent occasionnellement avec des concepteurs de logiciels.
  • Si les stages, dans la fonction publique comme dans le secteur privé, demeurent insuffisants de manière générale (six universités sur neuf), en terminologie, ils s’avèrent particulièrement rares. Cela ne surprend toutefois pas, vu la réalité du marché.

On en arrive donc au constat suivant : la terminologie, dans l’enseignement comme dans la pratique, a connu des jours meilleurs. Sa survie passe par l’outil informatique, ce qui est paradoxal puisque ce même outil n’est pas étranger au déclin du secteur. Autre paradoxe : l’explosion des bases de données terminologiques n’a pas été assortie d’une importante création de postes en terminologie. Par contre, certains grands cabinets de traduction se dotent actuellement de services de terminologie conséquents. Y verra-t-on un jour l’ouverture de vastes chantiers terminologiques ou seulement du recyclage de données traduites? Assistera-t-on à de la recherche thématique ou simplement à de la ponctuelle?

Il est probable que la survie de la terminologie hors campus passe par un remodelage de la section des terminologues de l’OTTIAQ. Celle-ci pourrait élargir sa base si l’Ordre recrutait des gestionnaires de projets de terminologie et des enseignants de la terminologie pour renforcer le petit noyau actuel de terminologues agréés (66 membres qui, dans les faits, sont parfois des retraités ou des praticiens de la traduction). Bien sûr, il s’agit là d’un tout autre sujet, qui – espérons-le – sera débattu plus avant.

1. L’auteur remercie la traductrice Michelle Daniel pour son professionnalisme dans la réalisation du graphique présenté en appoint.

Carlos del BurgoCarlos del Burgo enseigne la traduction, la révision et la terminologie depuis trente ans (Université McGill, Université Concordia, Université de Montréal, Université d’Ottawa).


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