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Faire évoluer les entreprises soucieuses de leur impact socio-environnemental 

En marge de son dossier sur le rapport des langagières à l’environnement, à la fois comme domaine de spécialité et en tant qu’élément de leur vie quotidienne, Circuit s’est intéressé à la façon dont les entreprises, notamment les jeunes pousses, envisagent la question. À cette fin, nous avons contacté Luc Tousignant, directeur général d’Esplanade Québec, accélérateur d’entreprises qui ont l’impact socio-environnemental au cœur de leur modèle d’affaires.

Propos recueillis par Barbara McClintock, traductrice agréée et terminologue agréée

Circuit : Qu’est-ce qui vous motive à rassembler les entreprises qui s’intéressent activement à l’impact de leur secteur d’activité sur l’environnement? 

Luc Tousignant : Cela fait partie de la mission et de l’ADN d’Esplanade Québec : nous accompagnons les entreprises qui ont décidé de placer l’impact social ou environnemental au cœur de leur modèle d’affaires. Tout comme elles, nous voulons accélérer la transition socio-écologique et améliorer la capacité de réponse aux enjeux climatiques par le véhicule entrepreneurial, en misant sur les jeunes pousses qui ont un fort potentiel d’impact positif sur l’environnement.

C : Le message concernant les changements climatiques passe-t-il bien auprès des Québécois?

L. T.: Je ne suis pas certain que le message passe, que ce soit au Québec ou ailleurs, sauf pour les citoyens qui sont directement touchés par les effets des changements climatiques. Pensons notamment aux régions aux prises avec l’érosion et les inondations côtières, aux agriculteurs qui doivent composer avec des pluies et des sécheresses extrêmes à répétition, ou aux feux de forêt qui vont en s’aggravant. Dans les grandes villes, les canicules de plus en plus fréquentes accéléreront peut-être la prise de conscience.

C : Selon vous, quel rôle pourraient jouer les traducteurs et autres spécialistes de la langue pour faciliter la communication du message?

L. T. : À mon avis, pour que le message passe mieux, il faudrait qu’il soit vulgarisé et formulé dans des termes simples, moins techniques et peut-être même imagés. Je ne suis pas certain, dans le cas des changements climatiques, que le fait de parler par exemple de pourcentages de réduction d’émission de gaz à effet de serre soit très parlant pour la population. Les langagiers pourront être appelés à adapter des textes en langage simple, par exemple.

C : L’organisation que vous dirigez a fait appel à des traducteurs pour deux projets pilotes. Pourriez-vous nous en parler?

L. T. : Bien que nos communications et nos prestations soient en français sur le territoire québécois, nous devons adapter certains contenus en anglais afin d’informer la communauté anglophone de notre offre de services. Lorsque, par exemple, nous lançons des appels à candidatures pour recruter des jeunes pousses dans nos programmes, nous nous assurons d’avoir une vitrine adaptée en anglais. C’est ce que avons fait récemment pour réunir notre prochaine cohorte en santé communautaire : nous avons eu recours aux services d’un traducteur du français à l’anglais pour nous assurer d’utiliser un langage idiomatique et des termes exacts. Pour nous, il s’agit d’un très bon investissement car ce n’est pas une expertise que nous possédons à l’interne. Et pour que le travail du traducteur soit efficace, nous avons pris le temps de bien lui expliquer les subtilités, les concepts et le jargon de notre secteur d’affaires. Par ailleurs, il y a quelques années, nous avons entrepris à l’interne d’adapter des contenus de l’anglais au français, notamment pour un de nos outils qui aident à cartographier les problèmes rencontrés lors de différents projets et les solutions qui y ont été apportées. 

C : Comment pourrait-on créer une collaboration fructueuse à long terme entre les langagiers professionnels et les entreprises dans le domaine des énergies propres, dans un souci de développement socio-environnemental durable?

L. T. : Justement, dans un souci de communication efficace, afin que le message soit bien formulé et qu’il passe plus facilement, les langagiers pourront certainement agir comme partenaires dans les projets de transition vers les énergies propres. Toutefois, à la base, afin de bien outiller les jeunes pousses à impact positif sur l’environnement, il nous faudra accroître le soutien et les investissements dans la recherche ainsi que dans l’innovation et son transfert vers le milieu entrepreneurial. C’est d’autant plus nécessaire que le tissu économique québécois est essentiellement composé de PME.

Les gouvernements se sont d’ailleurs engagés à accélérer la transition énergétique, notamment par le développement des technologies propres. À cet effet, le gouvernement du Québec a publié en 2020 son Plan pour une économie verte, qui contient des cibles comme l’augmentation de la production de l’hydrogène vert, l’électrification des transports et le développement de technologies de réduction des gaz à effet de serre. Ce plan mènera inévitablement à la création de nouveaux emplois au cours de la prochaine décennie. Il s’agit donc pour nous de travailler sur une vision à long terme du développement de l’entrepreneuriat québécois et de planifier des actions qui seront déterminantes dans la transition socio-écologique du Québec ainsi que dans son succès en matière d’entrepreneuriat et d’innovation. 


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