Dans le cadre de ce dossier 30e anniversaire, nous ne pouvions passer sous silence un enjeu qui a fait couler beaucoup d’encre, celui de la reconnaissance professionnelle.
Encore aujourd’hui, les langagiers professionnels que nous sommes s’interrogent parfois sur la place qu’ils occupent dans le système professionnel québécois. Il ne devrait pas en être ainsi. En effet, depuis 1992, nous disposons de nombreux outils pour faire rayonner les nobles professions que nous exerçons et en renforcer la reconnaissance publique.
Au fil des années, plusieurs numéros de Circuit ont abordé les tenants et les aboutissants de notre reconnaissance professionnelle. Il est fascinant de constater que certaines questions que plusieurs se posaient il y a 30 ans, avant même que nous ne devenions une corporation professionnelle, sont les mêmes aujourd’hui.
Retour, donc, sur certains témoignages, observations et constats qui nous permettent de diviser les trois dernières décennies en autant de grandes « époques » : celle des appréhensions, celle des adaptations et celle des remises en question.
Dès 1989, nous nous rendions compte que la reconnaissance professionnelle comportait certes son lot d’avantages et de privilèges, mais que la donne allait changer quant à nos obligations. De plus, force était de constater que nous ne pourrions pas faire marche arrière. Malgré tous les efforts déployés par la Société des traducteurs du Québec (STQ) pendant de longues années, certains ne semblaient pas tout à fait sûrs que la reconnaissance professionnelle était une bonne chose, comme en témoigne ce passage tiré d’un article de Denise Lemay intitulé « Pour le meilleur ou pour le pire » (Circuit n° 25, juin 1989, p. 11-12) :
En fait, le prestige et les privilèges dont bénéficient les corporations professionnelles s’accompagnent de nombreuses obligations, certaines touchant les corporations dans leur structure même.
Il faut bien penser qu’il ne saurait être question, une fois une demande agréée, de la retirer sous prétexte que le type de reconnaissance accordé ne serait pas celui qu’on aurait souhaité. […] On imagine mal la STQ se présenter à l’OPQ en disant que ses membres ne veulent plus du simple titre réservé. Le jour où l’Assemblée nationale aura voté pour le bien du public l’utilisation d’un titre réservé par les membres de la Société des traducteurs, il n’y aura plus à y revenir.
Deux ans plus tard, on se demandait toujours si on avait bien fait de tant insister pour obtenir la reconnaissance professionnelle. Voici ce qu’écrivait Josée Ouellet Simard dans un article intitulé « La reconnaissance professionnelle : soyons pratiques » (Circuit n° 34, septembre 1991, p. 3-8) :
Pas de quoi paniquer
En somme, la reconnaissance juridique arrive peut-être au bon moment. Elle arrive à tout le moins en même temps que d’autres décisions de la STQ qui, semble-t-il, amortiront le choc. […] Sur le plan professionnel, les Estécois devront, certes, s’accommoder de leur nouveau harnais et apprendre à en tirer le meilleur. Sur le plan humain, la reconnaissance aura-t-elle pour effet de neutraliser la fougue et le tempérament qui caractérisent les Estécois […]
Pourtant, ceux-là mêmes qui remettaient en question l’apport de la reconnaissance professionnelle avaient dû multiplier les efforts pour faire la démonstration aux instances gouvernementales que la nature du travail qu’ils effectuaient présentait un risque pour le public :
Government ministers solemnly assured us of their unqualified support, but we had to prove, with examples, that we were protecting the public. Now, we knew of instances where translators had found major errors in documents, pointed them out to their clients and thus saved them from potentially disastrous lawsuits and the public from harm. But, not surprisingly, the companies in question were strongly averse to such news becoming public (let alone government) knowledge.
(Circuit n° 34, septembre 1991, Anne Trindall, « Professional Recognition or Oh!, Not Again! », p. 9)
Nous n’avions même pas encore officiellement reçu nos lettres patentes créant la corporation professionnelle qui deviendrait un jour l’OTIAQ, puis l’OTTIAQ, que – déjà – les opinions étaient très divergentes et allaient dans tous les sens (Circuit n° 34, septembre 1991), Stéphane Loysel et Nathalie Poteet, « La reconnaissance : quelques instantanés », p. 10-12) :
Un premier pas, car les traducteurs verront assurément leur prestige et leur autorité s’accroître au Québec, au Canada et à l’échelle internationale grâce à leur nouveau statut. « Toutefois, prévient Robert Dubuc, il ne faudrait pas considérer la reconnaissance juridique comme un point d’arrivée. » Au contraire, il s’agit d’un point de départ, d’un outil dont les traducteurs devront se servir habilement pour s’affirmer, mettre en valeur leur profession et parvenir à une reconnaissance de fait. Ce sera donc maintenant à chaque membre de faire rayonner la profession.
Un premier pas qui, selon Betty Cohen, dotera les traducteurs d’un plus grand pouvoir d’intervention et de négociation. Pouvoir d’intervention d’abord, car la Corporation pourra dorénavant faire pression auprès des gouvernements pour protester, au nom de la protection de public, contre les traductions médiocres.
[…]
Et pouvoir de négociation, car les membres sont maintenant reconnus comme des professionnels au même titre que les comptables, les avocats et, au grand dam de certains, les podiatres, les travailleurs sociaux et les inhalothérapeutes... Longtemps perçus comme des secrétaires bilingues, les traducteurs auront au moins un argument de poids pour faire comprendre aux donneurs d’ouvrage, aux gestionnaires de leur entreprise et au public que, non, il ne suffit pas de parler deux langues pour être bon traducteur.
Leur image sera peut-être modifiée, mais pourront-ils vraiment user de leur prestigieux titre pour revendiquer leurs droits, modifier leurs conditions de travail, justifier leurs tarifs ? Selon Robert Dubuc, Betty Cohen, Richard Kromp et bien d’autres, oui. Selon René Deschamps, non : « Je ne crois pas que le titre d’agréé aidera particulièrement les traducteurs. Seraient-ils assez naïfs pour s’imaginer qu’ils auront maintenant un pouvoir de discussion et de négociation dont ils étaient privés ? Les écoutera-t-on davantage ? C’est un processus qui mettra des générations à s’installer... »
[…]
Par ailleurs, selon Betty Cohen, même si les données ont considérablement évolué depuis la dernière demande, il ne faut pas oublier que la reconnaissance professionnelle a été un moteur puissant et qu’elle n’en continue pas moins de répondre aux intérêts immédiats de la profession : « La reconnaissance est peut-être moins utile qu’elle n’aurait pu l’être il y a 20 ans. Il est certain que, dans l’intervalle, nous nous sommes organisés. Mais, si nous n’avions pas eu cet objectif il y a 20 ans, nous ne serions pas structurés comme nous le sommes. La poursuite de cet objectif a fait que la STQ a marché dans un sens. Il est par ailleurs toujours valable, car la profession est encore méconnue du public. »
[…]
Toujours est-il que la Société est sur le point de devenir officiellement Corporation, comme le souhaitait la majorité de ses membres. Bien sûr, nous pouvons émettre une multitude d’hypothèses sur l’avenir qui nous attend ; bien sûr, nos responsabilités face au public seront plus grandes ; mais la reconnaissance juridique marque tout de même une évolution dans l’histoire de la traduction au Québec, et en soi, tout changement peut être porteur de bénéfices. Les membres de la STQ ont obtenu le titre réservé qu’ils recherchaient : à eux de cultiver leur nouveau statut et d’en retirer les fruits. Et si, comme il faut le souhaiter, la reconnaissance ne se révèle pas un fardeau, elle n’en imposera pas moins certaines contraintes face auxquelles, selon Jean-François Joly, « il faut espérer que nous gagnerons en sagesse ce que nous perdrons en spontanéité ».
Bref, les membres de la STQ semblaient s’habituer difficilement à leur nouvelle réalité : ils feraient sous peu leur entrée dans le système professionnel québécois et l’inconnu de leur nouvelle réalité professionnelle suscitait des craintes et des inquiétudes.
Le 42e numéro de Circuit, paru en décembre 1993, était consacré aux règles du professionnalisme. C’était fait, la STQ était devenue la CPTIAQ et cette dernière avait dû mettre en place un ensemble de mesures pour se conformer aux exigences du Code des professions et de l’Office des professions du Québec : déontologie, syndic, discipline devenaient de nouvelles réalités pour les membres de la toute récente Corporation.
Quelques réflexions de Raymond Frenette, alors associé principal du cabinet Trius, sur l’importance des relations que le professionnel entretient avec ses clients (p. 11-12) :
Dans ce domaine, je me contenterai de souligner trois éléments qui m’apparaissent importants, soit l’acquisition de connaissances théoriques, l’acquisition de l’expérience et le devoir de consulter.
Il faut, bien sûr, posséder les connaissances fondamentales propres à l’exercice de la profession pour ensuite continuer à les enrichir tout au long de sa vie professionnelle, en fonction des orientations particulières prises au fil des ans, des domaines d’exercice de la profession et des besoins de la clientèle. On a donc le devoir de se ménager du temps, de l’énergie et des ressources financières pour se perfectionner sans cesse, comme tout professionnel digne de ce nom.
D’autre part, les connaissances théoriques doivent s’enrichir d’une expérience concrète pour mieux servir la clientèle. À cet égard, il me semble important que cette expérience soit acquise d’une façon structurée et avec l’aide et l’orientation de professionnels chevronnés, au moyen d’un stage ou d’un encadrement spécial.
Le troisième volet me semble également essentiel, car quelles que soient les connaissances et l’expérience acquises, on a le devoir de consulter, au besoin, un collègue traducteur, un membre d’une autre profession ou une personne-ressource spécialisée.
[…]
En fin de compte, comme dans toute relation humaine, il n’y a rien d’immuable. Chacune des étapes de l’offre et de l’acceptation d’un service professionnel nécessite des interventions et des mises au point constantes qui tiennent compte des circonstances. Il m’apparaît primordial de faire preuve en tout temps de bon sens et d’un excellent jugement. La vertu ne vaut rien en elle-même, et nombreux sont ceux qui, en son nom, ont commis les pires turpitudes et les plus grandes injustices envers leurs semblables. C’est donc l’esprit de ce Code de déontologie qui doit retenir notre attention. Le vrai professionnel est animé d’un profond désir de rendre un service de qualité à ses clients en échange d’une rémunération juste et raisonnable en comparaison de services semblables rendus par les membres des professions qui s’apparentent à la nôtre.
Daniel Deveau, professeur au Département de traduction et des langues de l’Université de Moncton, souligne l’importance de maintenir de bonnes relations avec ses consœurs et confrères (p. 14) :
L’autre volet porte explicitement sur les relations avec la profession et les autres membres. Les articles qui le composent visent, dans l’ordre, les relations de chaque membre avec les fondés de pouvoir de la corporation « dans l’exercice de leurs fonctions dévolues par la loi », ainsi qu’avec les autres membres dont il « ne doit pas surprendre la bonne foi » ou envers lesquels il ne doit pas « se rendre coupable (00’) d’un abus de confiance ou de procédés déloyaux ». « Il ne doit pas, notamment, s’attribuer le mérite de travaux qui revient à un autre membre. »
Par ailleurs, le membre doit, « dans la mesure de ses possibilités, aider au développement de sa profession par l’échange de ses connaissances et de son expérience avec d’autres membres et les étudiants, par sa participation aux cours et aux diverses activités de la corporation. » On se réjouira de l’invitation qui est faite aux membres de partager leurs connaissances et leur expérience avec d’autres membres et avec les étudiants.
Encore aujourd’hui, être un professionnel, c’est s’imposer de rigoureuses normes de conduite dans ses interactions avec le public, ses consœurs et confrères ainsi que les instances de son ordre professionnel. Il est regrettable que certains l’oublient parfois, au détriment de la reconnaissance professionnelle que nous avons difficilement obtenue et que nous ne devons jamais considérer comme un acquis ou une réalité immuable.
Transportons-nous en 2002, année du 10e anniversaire de l’OTTIAQ. Circuit y consacrait en bonne partie son 75e numéro.
Dans son éditorial, Betty Cohen fait le point sur une décennie de reconnaissance professionnelle des langagiers agréés.
En dix petites années, tous ces événements économiques et technologiques nous ont fait passer du statut de dictionnaire-à-deux-pattes à celui de professionnel de la communication entre les langues, de fer de lance de la localisation, donc de la mondialisation. Quant à nos conditions de travail, elles se sont nettement améliorées grâce aux outils dont nous disposons désormais. […]
Mais surtout, surtout, avez-vous remarqué que la traduction automatique n’est plus une menace, mais une alliée ? Pourquoi ? Parce qu’il suffit de répondre « faites un essai dans Internet ».
On peut certes affirmer que nous avons beaucoup progressé entre 1992 et 2002. Toutefois, il est ironique de constater que nous sommes de nouveau plusieurs considérer la traduction automatique comme une menace… En effet, si nos professions ont fait du chemin en une décennie, la technologie a fait des pas de géant au cours de la même période.
Ce numéro 10e anniversaire a été aussi l’occasion de s’entretenir avec Thomas Mulcair (p. 6), président de l’OPQ au moment où la CPTIAQ faisait son entrée dans le système professionnel du Québec :
Thomas Mulcair — […] J’avais été reviseur juridique à Winnipeg pour la traduction des lois du Manitoba et j’étais tout à fait conscient de l’importance d’une réglementation dans cette profession.
Le dossier de la STQ était devant l’Office des professions du Québec depuis très longtemps. J’ai donc apporté mes propres arguments, en insistant notamment sur le fait que le public consommateur de traduction n’était pas protégé car il n’avait aucun moyen de vérifier la qualité de la prestation du traducteur, surtout s’il ne connaissait pas la langue d’arrivée. J’ai aussi fait valoir l’omniprésence de la traduction dans la société québécoise et la nécessité, par conséquent, de réglementer la profession pour protéger le public. Dans mon esprit, la traduction des documents importants devait absolument être attestée par un professionnel.
L’OTTIAQ aurait-il vu le jour sans M. Mulcair ? L’actuel chef de l’opposition à Ottawa a joué un rôle clé dans l’accession des traducteurs, terminologues et interprètes au statut de véritables professionnels par la voie de l’agrément.
Maintenant, passons en mode avance rapide et rendons-nous en 2012, année du 20e anniversaire de notre ordre professionnel. Le numéro du printemps (115) de Circuit y était consacré. Comme l’a écrit Betty Cohen dans son éditorial, un anniversaire est une occasion de célébrer, mais aussi une occasion de s’arrêter un instant pour faire le point.
Yolande Amzallag et Solange Lapierre mettent la table à cette rétrospective à la page 7 de ce numéro spécial :
D’où la question : vingt ans après, où en sommes-nous ? L’OTTIAQ a-t-il pleinement assumé son rôle de protecteur du public, mais aussi de défenseur des intérêts de ses membres ? Les membres ont-ils compris la portée de l’appartenance à un Ordre au-delà de la simple reconnaissance officielle ? Ensemble, avons-nous compris où commence un ordre professionnel et où termine une association ?
L’article-phare du numéro-anniversaire, « 20 ans après, sommes-nous de bons élèves ? » (p. 8-10), nous confronte à certaines attitudes récalcitrantes à l’égard de notre ordre professionnel :
Être un ordre professionnel, c’est avoir une mission, celle de protéger le public en assurant la compétence de ses membres et leur respect d’une déontologie. Être membre d’un ordre professionnel, c’est accepter de se conformer à des normes de qualité et de déontologie afin de pouvoir affirmer en tout temps que l’on est le meilleur choix pour ce public. Telles sont, en termes simples, nos obligations à l’échelle collective, en tant qu’organisme, et à l’échelle individuelle, en tant que traducteur, terminologue ou interprète agréé. Ensuite viennent les nuances et les réalités avec lesquelles il faut aussi composer. Aujourd’hui, 20 ans après, sommes-nous de bons élèves du système professionnel québécois ?
[…]
Sur le plan de la défense des intérêts de ses membres, l’OTTIAQ est en effet souvent mal perçu, et c’est dommage, car les membres sont toujours au cœur du débat et, tout bon élève qu’il soit, notre Ordre s’est toujours efforcé de préserver les acquis. Mais les perceptions ont la vie dure et seul un bon plan de communications pourra résoudre le problème.
En fait, pourquoi est-ce si difficile ? La raison principale se trouve, à mon avis, dans le statut même d’ordre à titre réservé. En effet, comme tous les ordres dans la même situation, l’OTTIAQ est confronté à la fois à la nécessité de se soumettre aux règles du système et au besoin de servir les intérêts de ses membres. Entre le marteau et l’enclume, difficile souvent de trouver une position confortable. Mais la bonne volonté est là et elle restera.
[…]
Lorsque nous côtoyons des membres d’autres ordres professionnels, la différence est frappante. Ces professionnels sont assujettis aux mêmes règles que nous, à savoir, un conseil d’administration souverain, l’inspection professionnelle, la déontologie, la formation continue et parfois bien plus. Pourtant, loin de s’en plaindre, ils en tirent une fierté et une assurance fondées sur la conviction qu’en ayant réussi une formation supplémentaire ou une inspection, ils ont un argument de vente de plus à leur arc. Aiment-ils pour autant voir arriver un inspecteur ? Non, bien sûr.
Pour notre part, avons-nous atteint ce stade ? Nos membres ont-ils vraiment compris le rôle d’encadrement de l’Ordre ? Ont-il vraiment compris que la mention « agréé » est une responsabilité et non un titre honorifique ? Ont-ils vraiment compris que la valorisation de l’image du traducteur, du terminologue et de l’interprète passe d’abord par la perception de soi ? Ont-ils vraiment compris que l’Ordre est, malgré ses lacunes apparentes, le seul organisme possédant le pouvoir de changer les choses si on lui en donne les moyens ? Manifestement pas tous.
[…]
Quant à nous, membres, n’oublions pas que, malgré tout, l’Ordre nous représente et ne peut être que ce que nous en faisons. À nous, donc, d’être les bâtisseurs de notre profession et de préférer la critique constructive à l’acrimonie, la participation à la phrase assassine, l’ouverture et le travail en commun au repli sur soi. Ces valeurs ont construit la Société des traducteurs du Québec et il n’y a aucune raison pour qu’elles disparaissent.
Aujourd’hui, force est de constater qu’il nous reste encore du chemin à parcourir avant de pouvoir enfin mettre le débat sur notre reconnaissance professionnelle derrière nous et enfin commencer à occuper tout le terrain qui nous a été concédé en 1992 lorsque l’État québécois a statué que les activités professionnelles que nous exerçons comportent un volet de protection du public ayant justifié la mise en place d’une corporation professionnelle. En effet, si nous peinons à comprendre ce que signifie être membre d’un ordre professionnel, comment pouvons-nous raisonnablement prétendre être en mesure d’en convaincre nos clients, nos employeurs, nos donneurs d’ouvrage et… le grand public?
Concluons avec une réflexion formulée par François Abraham – alors président de l’OTTIAQ – à la page 10 du numéro 115 :
Mais pour que ces ambitions ne restent pas à l’état de rêve, l’OTTIAQ devra mener à bien deux grandes entreprises : faire en sorte que chacun de ses membres se voie comme le leader que devrait être tout professionnel et trouver un moyen d’alléger la lourdeur administrative imposée aux ordres.
L’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec est l’instance créée pour encadrer la pratique professionnelle des langagiers qui en sont membres. Cependant, l’OTTIAQ est plus qu’une instance. L’OTTIAQ, c’est aussi ses quelque 2 100 membres qui ont, chacun et collectivement, un rôle à jouer dans l’avancement et la promotion de leur profession. De l’avis de plusieurs, c’est le principal défi que nous sommes appelés à relever à l’approche du 25e anniversaire de notre ordre professionnel.
Malgré tout le chemin que nous avons parcouru, nous n’avons toujours pas pleinement apprivoisé le rôle que nous confiait l’OPQ en 1992. En créant la Corporation professionnelle des traducteurs et interprètes agréés du Québec, le gouvernement non seulement acquiesçait à des décennies de revendications des langagiers professionnels eux-mêmes, mais aussi – et surtout – donnait à ces derniers un outil de plus pour s’imposer comme des leaders de la traduction, de la terminologie et de l’interprétation au Québec, dans le reste du Canada et ailleurs sur la planète.
Certains l’affirmaient dès le départ : la reconnaissance professionnelle devait être considérée comme un point de départ et non un point d’arrivée. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer si nous voulons convaincre le public de la valeur ajoutée de faire affaire avec un traducteur agréé, un terminologue agréé ou un interprète agréé. L’OTTIAQ est un outil pour nous aider, mais l’OTTIAQ, c’est nous et ce que nous en faisons.
N’oublions jamais que notre reconnaissance professionnelle dépend d’abord et avant tout de nous et des gestes que nous posons individuellement et collectivement pour l’affirmer. C’est à nous de veiller quotidiennement à la maintenir et à la renforcer, et ce, dans le cadre de nos interactions avec le public et entre nous.