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La révision, une profession d’exception

Philippe Caignon, term. a., trad. a.

La révision est une profession qui passionne souvent celles et ceux qui l’exercent. Elle est enveloppée d’une aura d’excellence et de compétence professionnelle exceptionnelle.

Un monde rapide et dangereux

Bien que l’expression relève à présent du cliché, il faut quand même le dire : nous vivons dans un monde en constante accélération. Je ne fais pas référence ici au nombre croissant de découvertes ou d’innovations qui ont marqué le début du XXIe siècle, mais plutôt à la progression rapide des attentes touchant la productivité, le rendement et la rentabilité des professionnels de l’industrie langagière. Les échéances raccourcissent, par exemple, car pour certains clients, les outils d’aide à la traduction permettent de traduire plus « efficacement » qu’avant…

Une question de qualité

Or, les mémoires de traduction et les logiciels de traduction automatique sont aussi efficaces que la personne qui les entretient l’est. Si un langagier ne se soucie guère de la qualité des textes qui nourrissent ses outils, il peut oublier toute prétention à l’efficacité, car celle-ci s’amenuisera avec le temps. Pourtant, la qualité est importante aux yeux des donneurs d’ouvrage. Et la qualité passe par la révision!

Il faut dépasser sa première impression

La révision, bien entendu, c’est plus que le contrôle de la langue, c’est aussi la vérification des faits : quand un doute factuel surgit dans l’esprit d’une réviseuse, celle-ci effectue une recherche pour le dissiper. Si elle constate une erreur, elle propose ou exige une modification.

La révision, c’est également plus que la postédition, c’est-à-dire plus que la correction froide d’un document traité par une machine pour le rendre compréhensible. En effet, l’interaction professionnelle entre la réviseuse et les traductrices avec lesquelles elle collabore requiert de la chaleur humaine, de la finesse d’esprit et de l’intelligence émotionnelle, trois qualités qui enrichissent le milieu de travail, mais qui n’ont pas de valeur lorsqu’on interagit avec un ordinateur.

Enfin, la révision, c’est plus que l’utilisation d’un correcticiel. Ces outils, aussi prodigieux soient-ils, sont ne sont pas encore parfaits. En effet, ils sont toujours incapables de détecter des erreurs qu’un relecteur minutieux peut déceler.

La révision soulève encore des questions

Au sein de l’industrie langagière, toutefois, la révision reste méconnue et mal comprise. En fait, plusieurs questions se posent toujours à son sujet. À l’occasion, ces questions peuvent être dures. On se demande, par exemple, si on a encore le temps de réviser un texte, de bien le réviser, malgré des échéances très courtes. On s’interroge ainsi sur la gestion du risque : révise-t-on un texte traduit selon sa longévité attendue, son public cible, son format, la pertinence de l’information qu’il véhicule ou alors selon les conséquences judiciaires d’une erreur éventuelle qu’il pourrait cacher? En outre, est-ce que la révision est une étape ajoutée au processus de traduction, avec une étiquette propre et un prix distinct, ou est-elle comprise dans tout projet de traduction?

Qui plus est, on peut formuler d’autres questions tout aussi pertinentes pour la profession : qui peut et qui veut exercer la révision? Quels sont les fondements de la révision? Comment s’apprend-elle?

La révision, une profession à explorer

Le dossier que nous ont préparé Manon Laganière et Danielle Jazzar nous révélera des aspects peu connus de cette belle profession. Ces deux langagières remarquables nous feront peut-être même découvrir un choix de carrière inattendu et plein d’avenir...


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