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Témoignage

Le bénévolat linguistique, le bonheur de faire du bien

Par Nathalie Thompson, traductrice agréée (STIBC), et Valérie Thirkettle, attachée linguistique chez TWB

La période difficile que nous traversons est l’occasion de réfléchir sur notre place par rapport à notre famille, à nos amis, à nos collègues, à la société et à l’humanité en général. Le confinement ou les déplacements restreints semblent avoir engendré des besoins paradoxaux : d’un côté, on observe le souhait de réduire notre cercle de contacts, et de l’autre, la volonté d’aider celles et ceux qui sont dans le besoin.

En effet, notre esprit humanitaire s’aiguise durant les périodes troubles qui nous touchent particulièrement. Entraide, générosité, solidarité, assistance, gentillesse, don de soi et serviabilité sont autant d’émotions, de motivations et de qualités dont font preuve les bénévoles qui se mettent au service des plus démunis face à la pandémie, mais aussi bien au-delà. De façon générale, le bénévolat fait du bien. Il bénéficie d’abord aux personnes et aux organisations qui y font appel, mais il fait également grand bien à celles et ceux qui le pratiquent. Le sentiment de reconnaissance et le rehaussement de l’estime de soi qui en découlent motivent très souvent les bénévoles à donner encore davantage. Ce plaisir et la satisfaction de rendre service à autrui créent une impression de fusion, de connexion avec la société, et donne un sens à notre existence et à notre propre humanité.

Le bénévolat permet d’entrer en contact avec des personnes que nous n’aurions jamais rencontrées autrement. Des personnes d’origines et de cultures différentes des nôtres, dont l’expérience de travail ou de vie nous sont étrangères, mais qui sont animées par des intérêts et des motivations semblables aux nôtres. Un environnement bénévole est tout à fait différent d’un environnement classique de travail. Les contraintes associées aux emplois rémunérés en sont absentes. Le bénévolat humanitaire permet un épanouissement plus profond puisqu’il s’aligne sur une mission allant plus loin que les motivations purement professionnelles et porte sur l’atteinte d’un objectif majeur : le bien-être d’autrui.

Traduire pour le bien commun

Nous sommes toutes les deux des bénévoles dans l’âme, et nous sommes actives dans nos communautés. Cet intérêt et notre passion des langues nous ont amenées à découvrir qu’il était possible pour les linguistes d’offrir bénévolement leur expertise et leur temps à des fins humanitaires. Combien d’organismes à but non lucratif pourraient profiter de ce type de talent et de connaissances pour élargir leur portée? Pour promouvoir leurs services auprès de communautés qui vivent de façon isolée ou marginale, ou auprès de personnes démunies? Pour se faire connaître des citoyens qui feraient appel aux services de leur organisation s’ils étaient offerts dans leur langue? Le bénévolat dans ce type d’organismes peut offrir aux linguistes l’occasion d’apprendre de nouvelles notions, de renforcer leurs acquis ou de diffuser leurs connaissances.

Il existe un certain nombre d’organisations de bénévolat en traduction. Nous avons toutes les deux rejoint l’organisation Translators without Borders (TWB)1, qui permet aux linguistes de faire du bénévolat dans leur domaine et de soutenir ainsi l’effort de centaines d’organisations qui apportent de l’aide humanitaire aux quatre coins du monde. Comme organisation humanitaire sans but lucratif, TWB crée des liens non compétitifs entre des linguistes qui travaillent dans un but commun : aider les populations les plus démunies ou touchées par des crises à accéder à de l’information vitale et à se faire entendre dans la langue de leur choix. Que ce soit au bénéfice des mères célibataires ou des jeunes homosexuels dans un milieu social peu tolérant ou encore des réfugiés au Bangladesh, la communauté de TWB agit en tant que lien entre les organismes humanitaires et les personnes ou groupes qui ont besoin de leur aide.

L’organisation travaille également sur le terrain pour, par exemple, traduire des documents visant à former du personnel médical, à plaider pour des lois et des règlements plus équitables, à transmettre des instructions essentielles en situation de conflits armés ou de catastrophes naturelles, ou à prodiguer des conseils aux migrants. L’expertise de TWB soutient par ailleurs l’éducation en contexte de crise ainsi que des programmes d’éducation spécialisés, comme ceux visant à enseigner des compétences socio-émotionnelles aux très jeunes enfants. Ces deux dernières années, l’organisation a bien sûr été très sollicitée pour faciliter l’accès à l’information sur la COVID-19 en de nombreuses langues, pour aider les populations du monde à traverser cette période difficile.

En tant que linguistes, notre bénévolat avec TWB nous donne chaque jour la possibilité de servir une fin plus grande que celle de notre propre personne. C’est une façon extraordinaire de se connecter au monde, de faire preuve d’empathie, de se sentir utile et d’éprouver le bonheur de tendre la main à celles et ceux qui vivent des temps difficiles.

1. TWB, une branche de CLEAR Global, est une communauté de 80 000 membres réunissant des traducteurs et linguistes qui jouent un rôle essentiel dans les réponses humanitaires à l'échelle mondiale, en facilitant la communication avec les minorités linguistiques ayant besoin d'aide et d'information dans leur langue.


Nathalie Thompson a fait des études en lettres et arts appliqués à l’Université Laval de Québec. Elle a obtenu son baccalauréat en traduction en Colombie-Britannique. Après avoir travaillé à son compte, elle occupe aujourd’hui le poste de linguiste spécialisée dans une entreprise de technologie logicielle américaine et traduit à la pige des livres éducatifs pour les jeunes. Bénévole à TWB depuis 2017, elle y est réviseuse principale de français depuis 2019.

Valérie Thirkettle est juriste de formation et vit aux Pays-Bas. Après une carrière internationale dans le secteur spatial, elle s’est formée à la traduction et à la correction et suit actuellement une formation de traduction littéraire au Centre européen de traduction littéraire. Elle est bénévole à TWB depuis 2018 où elle est aujourd’hui traductrice et réviseuse principale. En 2019, TWB lui a confié le rôle d’attachée linguistique pour le français.


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