Le numéro 20 de JoSTrans offre la possibilité de visionner le documentaire Joining the Dots, de Pablo Romero-Fresco, pour s’initier à l’audiodescription et en apprendre davantage sur ses principaux utilisateurs. On peut en outre y lire un article de Romero-Fresco, « Accessible filmmaking: Joining the dots between audiovisual translation, accessibility and filmmaking », qui remet en question les pratiques courantes en audiodescription de fictions cinématographiques et télévisuelles.
Dans Perspectives: Studies in Translatology, vol. 20, no 1, l’article « Pear Stories and Audio Description: Language, Perception and Cognition across Cultures », de Iwona Mazur et Jan-Louis Kruger, réfléchit à la nécessité d’adapter une audiodescription plutôt que de la traduire indifféremment en d’autres langues. Dans le vol. 18, no 3 de la même publication, Sabine Braun et Pilar Orero traitent de la pratique en localisation audiovisuelle qui consiste à combiner l’audiodescription et le sous-titrage audio.
Par ailleurs, Aline Remael aborde le même sujet sous un tout autre angle dans « La manipulation de la traduction audiovisuelle » (Meta : journal des traducteurs, vol. 57, no 2). Dans le numéro 3 du volume 56 de la même revue, Sabine Braun relève quant à elle certains problèmes inhérents à la traduction de la cohérence filmique en audiodescription de fictions. L. T.
Le magazine The Linguist, une publication du Chartered Institute of Linguists, propose dans le vol. 53 no 2 un article intitulé « Spaces that work » sur les avantages et les inconvénients des espaces de travail partagés par des travailleurs autonomes. Dörte Schabsky y présente les résultats de l’enquête qu’elle a réalisée, pour la rédaction de sa thèse, auprès de 116 traducteurs et parle de l’expérience qu’elle a vécue lorsqu’elle a entrepris de créer son propre « environnement de travail idéal ». Dans le même numéro, un article intitulé « In the right direction? » pose la question de la légitimité de l’interprétation bidirectionnelle, de plus en plus répandue malgré les réticences des grandes institutions. Eva-Maria Lohwasser y explique les critères d’évaluation d’une interprétation et nuance l’affirmation selon laquelle une interprétation vers une langue seconde est nécessairement de mauvaise qualité. Dans « Lyrical concerns », Lucile Desblache suggère quatre stratégies pour s’atteler aux difficultés de la traduction de chansons et de références musicales.
Le numéro suivant vol. 53 no 3 présente notamment le témoignage d’un interprète militaire britannique sur le rôle fondamental qu’il a joué lors de son déploiement en Afghanistan (« On the frontline »). Par ailleurs, dans « Lip service », Claire Neville traite de l’importance du doublage dans l’industrie du cinéma en Espagne. Réputés pour la qualité artistique des doublages, les studios espagnols sont aujourd’hui confrontés à de nombreux défis d’ordre culturel, technique et économique. Pour sa part, Andrew Simpson, interprète pour l’équipe de soccer Newcastle United, raconte les hauts et les bas de la vie de l’interprète sportif, appelé à rendre notamment les déclarations des joueurs devant les médias ou encore les propos des entraîneurs dans le vestiaire pour le bénéfice des joueurs étrangers (« A League of its own »). Enfin, dans l’article vedette du numéro, « Haiti’s secret tragedy », Marilyn Sephocle se demande si, après le tremblement de terre de 2010, la population haïtienne n’aurait pas été mieux servie si les intervenants avaient utilisé plus fréquemment le créole (langue parlée par 90 % des Haïtiens) comme langue de communication.
M.-H. G.
Dans le numéro 8 de la revue New Voices in Translation Studies , Deborah Shadd propose un regard intéressant sur de l’œuvre de Paul Ricœur.
Dans « Chasing Ricœur: in pursuit of the translational paradigm », l’auteure expose la thèse de Ricœur : « … Paul Ricoeur published an article arguing for the adoption of translation as an ethical model for dealing with the political and cultural challenges facing the emerging international community. » Dans cette optique, « Ricœur recognized in translation a process necessarily resting on relationships of interdependence, a process not concerned only with language, but one that also entails requirements and assurances which extend all the way to the heart of the ethical and spiritual life of both individuals and peoples ».
Shadd a le grand mérite d’avoir établi un lien entre des ouvrages et articles plus récents et l’article de Ricœur, démontrant la justesse des hypothèses qu’il contenait. Et l’auteure de conclure, notamment, que « A translational paradigm… has the potential to help us better understand how identities are shaped and influenced. » B. P.
Dans « Translators on translation memory (TM). Results of an ethnographic study in three translation services and agencies » [Translation & Interpreting, vol, 5, no 2 (2013)], Matthieu LeBlanc met en lumière l’impact des mémoires de traduction (MT) sur le travail quotidien des traducteurs.
L’auteur a colligé son corpus empirique auprès de trois services de traduction au Canada à partir de quelques questions-clés, telles que « How do professional translators use TMs? How are they expected to use TMs? What are the ‘pros’ and ‘cons’ of TMs from a translator’s perspective? »
Après plus de 300 heures d’observation et 55 entrevues, LeBlanc expose les avantages et les inconvénients des MT, par exemple : « no one will dispute the fact that TMs can allow translators to improve consistency and to reduce repetitive work » et « the sentence-by-sentence approach, or segmentation, is too mechanical and unnatural, and […] it can lead to problems (cohesion, coherence, etc.). » Cette étude, dont l’objectif est de mieux cerner les impacts de la technologie sur le travail des traducteurs, est toujours en cours. B. P.
Le Monde a publié récemment, dans sa rubrique « Idées », un billet intitulé « L’identité de l’Europe, c’est la traduction », rédigé par Camille
de Toledo (écrivain) et Heinz Wismann (philologue). D’entrée de jeu, les auteurs demandent « Quelle serait donc la langue d’une telle nation [la nation européenne, note du rédacteur] par-delà les nations ? » Leur réponse : « une conception ouverte de la nation dans un espace multilingue tel que l’Europe […] tient dans un mot : traduction ». Ils enchaînent avec le concept de « citoyen‑traducteur » afin de « repenser l’Europe à partir des “entre”-mondes, autour du seul tryptique qui prépare l’avenir : traduction, migration, hybridation. » B. P.
Dans le magazine culturel Passages (vol. 1/2014 no 62) de la Fondation suisse pour la culture, l’écrivain d’origine russe Mikhaïl Chichkine étonne et éclaire avec le billet « Traducteur de la vie », traduit de l’allemand par Étienne Barilier. L’auteur jette un regard sagace sur le rapport entre les langues, la langue, et la vie (les plus pragmatiques l’appellent la réalité). D’abord, les mots sont vides, usés et sans signification puisque les sentiments et ce que l’on ressent vraiment ne peuvent être exprimés par eux. « Tout ce qui compte vit hors de la langue. » Il propose ainsi une mise en abyme langagière du métier d’écrivain « traducteur de la vie dans la langue de la langue ». L’intérêt ne réside donc pas dans les mots : « Ce qui est intéressant, c’est uniquement ce que nous partageons tous : la naissance, l’amour, la mort, l’immortalité. Et cela est traduisible. » Une réflexion utile sur le sens profond de la traduction. É. P.
Marie-Hélène Gauthier
Benoit Paré
Éric Poirier, trad. a.
Louise Thériault