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François Hébert ou l’art d’apprivoiser la technologie

Aujourd’hui, être traducteur exige qu’on maîtrise les outils de TAO; pourtant la technologie est le point faible de plusieurs d’entre nous. Circuit s’est entretenu avec François Hébert, traducteur devenu formateur en traductique.

Propos recueillis par Maria Ortiz Takacs, traductrice agréée

 

Circuit : Pouvez-vous nous dire ce qu'est la traductique?

François Hébert : « Traductique » est un terme générique qui inclut tout ce qui touche l’informatique en matière de traduction : on parle bien sûr des logiciels destinés aux traducteurs, mais la traductique englobe aussi la sécurité informatique et l’utilisation de logiciels généraux comme Word, par exemple.

C. : Qu’est-ce qui vous a amené à la formation des traducteurs?

F. H. : Je détiens un baccalauréat en informatique ainsi qu’un baccalauréat et une maîtrise en traduction. J’avais remarqué que l’informatique était parfois un obstacle aux activités de traduction et que plusieurs traducteurs avaient besoin de mieux connaître le sujet. Comme l’offre de formation dans ce domaine était déficiente, j’ai décidé de combiner mes deux champs d’expertise et de combler une partie de ce vide.

C. : Quels sont les problèmes les plus courants chez les traducteurs?

F. H. : J’enseigne surtout aux étudiants et aux pigistes et je vois différents scénarios : des pigistes qui n’ont pas encore investi dans un logiciel d’aide à la traduction ou qui veulent postuler pour un cabinet mais ne maîtrisent pas le logiciel que le poste exige; des personnes qui ont acheté un logiciel mais qui ne l’utilisent presque jamais parce qu’ils n’ont pas eu le temps de se familiariser avec celui-ci; ou des étudiants qui n’ont jamais touché à un logiciel d’aide à la traduction. Le problème est tout simplement qu’ils ne savent pas comment ça fonctionne. Les ressources en ligne ne sont pas structurées pour les débutants, et les formations qui proviennent directement des éditeurs sont souvent axées sur la mise en valeur du logiciel plutôt que sur l’apprentissage. En règle générale, quatre-vingts pour cent des fonctions avancées d’un logiciel ne sont pas nécessaires pour les pigistes. Quand ils le réalisent, l’apprentissage devient beaucoup moins lourd que ce qu’ils craignaient.

C. : Comment concilier traductique et confidentialité des données?

F. H. : Il faut éviter que les mémoires deviennent publiques. Quand on travaille avec des logiciels d’aide à la traduction en ligne, même si théoriquement les mémoires restent confidentielles, il y aura une plus grande vulnérabilité que si le logiciel est installé sur un poste de travail. D’ailleurs, bien des clients préfèrent que les mémoires soient sur les ordinateurs des traducteurs ou sur un serveur. Certains vont même plus loin : comme les postes peuvent se faire attaquer et qu’on doit également tenir compte du facteur humain, les organisations où il faut assurer un niveau de sécurité élevé conservent les mémoires ailleurs que sur les ordinateurs.

En matière de confidentialité, il est essentiel de protéger son poste et de suivre de bonnes pratiques générales pour éviter de dévoiler des données confidentielles. La sécurité absolue n’existe pas; avant d’utiliser quelque logiciel que ce soit, il faut prendre toutes les précautions possibles. La clé, c’est d’être méfiant et de rester vigilant en tout temps.

C. : En terminant, que pensez-vous des outils de traduction automatique comme Google Translate quand il est question de sécurité des données?

F. H. : Il y a deux versions de Google Translate : une qui est publique et une autre qui est payante. Dans la version publique, la confidentialité est inexistante; Google peut faire ce qu’elle veut avec les données qu’on y verse. Malheureusement, beaucoup ignorent que ce qu’ils font traduire par cet outil est public.

 


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