Crystal, David. The Story of Be, Oxford University Press, 208 pages, juin 2017.
Avez-vous déjà remarqué que, face au verbe être, deux camps s’affrontent? Les uns y voient un verbe terne à pourchasser avec acharnement, et les autres, un incontournable de bien des tournures idiomatiques. De toute évidence, David Crystal fait partie du deuxième groupe. En effet, ce spécialiste de la langue anglaise, à qui l’on doit de nombreux livres sur l’histoire et la grammaire de l’anglais, fait de ce verbe passe-partout le sujet de son dernier ouvrage, intitulé The Story of Be.
Le livre se divise en 26 chapitres qui proposent autant d’aspects du verbe être, allant du existential be au temporal be, en passant par le circumstantial be; par exemple, le chapitre sur le nominal be trace le portrait des substantifs découlant du verbe être. Bien sûr, les sympathiques has-been nous viennent facilement à l’esprit, mais l’auteur amène aussi à l’avant de la scène les used-to-be, might-have-been et going-to-be. Quant aux wannabes, ils ont, semble-t-il, cessé de l’être puisqu’ils ont atteint la reconnaissance suprême en faisant leur chemin dans d’autres langues — le français, l’allemand et le serbe, notamment. Dans le chapitre intitulé « So I was, like, “wow’’ », l’auteur présente le quotative be, soulignant que be a commencé à introduire le discours direct et à prendre le sens de say. Par ailleurs, le ludic be nous offre des trésors de divertissement puisque be et are se prononcent exactement comme les lettres B et R; la coïncidence ouvre la porte à de nombreux rébus et à des jeux de mots de toute sorte. Le livre se clôt par le summarizing be : It’s just a book, is all.
Plusieurs chapitres se terminent par un encadré qui retrace l’histoire des diverses formes de be, comme l’infinitif ou l’impératif, ou explore l’évolution de ses conjugaisons – I am, he/she is, we/you/they are, de même que I/he/she was et were y sont tour à tour abordés. Ces aspects un peu plus théoriques plairont aux lecteurs qui ont déjà une bonne connaissance de l’histoire de l’anglais ou qui s’intéressent aux diverses variantes de cette langue. En effet, l’auteur refuse de se limiter à une forme standard de la langue et en explore quelques formes dialectales, comme l’anglais des Afro-Américains ou celui du Sud des États-Unis, des Caraïbes ou de certaines régions de l’Écosse ou de l’Irlande.
La plus grande partie des exemples fournis dans le corps des chapitres sont tirés de l’Oxford English Dictionary, mais l’œuvre de Shakespeare est aussi largement citée. L’auteur utilise également de nombreuses citations de romans de toutes les époques, de chansons, et même des discours de Barack Obama, et n’a pas pu s’empêcher de citer le Urban Dictionary, dictionnaire ludique, débridé et souvent scatologique que l’on trouve dans Internet. Chaque chapitre se termine par une série de phrases divertissantes qui intègrent les temps ou modes du verbe qui viennent d’être présentés.
The Story of Be est un charmant petit livre dont l’auteur approfondit le sujet tout en distrayant ses lecteurs par un ton léger et même badin. Bref, une lecture sérieuse qui ne se prend pas au sérieux.