Féminisation, grammaire non sexiste, rédaction épicène, écriture inclusive… Autant de concepts dont on entend de plus en plus parler et qui ont fait l’objet de nombreux ouvrages ces dernières années. Le sujet vous intéresse? Le tour d’horizon présenté ici, loin d’être exhaustif, vous donnera, espérons-le, quelques pistes.
Dans Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin! réédité en 2017, Éliane Viennot raconte l’histoire de la lutte des genres au sein du français et nous donne à réfléchir sur les intentions affirmées (épurer la langue) et inavouées (occulter les femmes) des grammairiens de l’époque. Le Sexe des mots : un chemin vers l’égalité, de Claudie Baudino, nous rappelle que la « composition masculine [de l’Académie] illustre la résistance à considérer les femmes comme légitimes dans le maniement de la langue et, par conséquent, dans la définition des usages ». Toutefois, les francophones commencent à se révolter contre le sexisme du français. Florence Montreynaud dans son livre Le roi des cons : quand la langue française fait mal aux femmes (2018) tire à boulets rouges sur le sexisme (et les sexistes), mais elle est loin de perdre espoir puisqu’elle déclare : « Changer le monde prendra un certain temps. Changer les mots, c’est possible tout de suite. »
Dans un livre intitulé Le ministre est enceinte, paru en 2018, le linguiste Bernard Cerquiglini relate avec humour le difficile parcours de la féminisation des noms de métiers. Cette parution, qui a par ailleurs reçu d’excellentes critiques, semble un peu anachronique vue de ce côté-ci de l’Atlantique. Déjà dans un article paru dans le Devoir en 2017 (« Le débat sur l’écriture inclusive fait aussi rage au Québec1 » ), Hélène Dumais, qui avait fait paraître en 1988 un ouvrage intitulé Pour un genre à part entière : guide pour la rédaction de textes non sexistes, déclarait : « Les discussions qui se tiennent présentement en France, on les a eues au Québec dans les années 1980 […] C’est une avancée, au moins [les Français] se questionnent, mais ça montre à quel point le Québec a été à l’avant-garde. »
Il existe plusieurs outils pour qui veut pousser la démarche plus loin. Grammaire non sexiste de la langue française (2017) et Manuel de grammaire non sexiste et inclusive (2018), de Michaël Lessard et Suzanne Zaccour, nous invitent à évaluer et à mettre en pratique diverses stratégies pour mieux rendre compte des femmes dans les textes en français. Ces ouvrages contiennent aussi des exercices pratiques. Davantage objet de réflexion que grammaire à proprement parler, Pour une grammaire non sexiste, de Céline Labrosse, proposait déjà en 2002 des façons de « dégenriser » nos écrits. Dans la même veine, Avoir bon genre à l’écrit : guide de rédaction épicène, de Pierrette Vachon-L’Heureux (2006), est une excellente référence. Petit bémol cependant, les deux seules façons de consulter cette publication gouvernementale sont l’achat en ligne sur le site des Publications du Québec ou une visite à Bibliothèque et archives nationales du Québec. En revanche, on peut parcourir gratuitement le document Formation sur la rédaction épicène, de Marie-Ève Arbour et Hélène de Nayves (2018), sur le site de l’Office québécois de la langue française (https://www.oqlf.gouv.qc.ca/redaction-epicene/formation-redaction-epicene.pdf).
Pour conclure cet aperçu, mentionnons Le langage inclusif : pourquoi, comment, d’Éliane Viennot, paru en septembre 2018, qui fait un excellent résumé de la question. Construit en trois parties, il présente premièrement les ressorts dont dispose le français pour se féminiser, il retrace la masculinisation de la langue, et enfin il nous propose des solutions pour rendre notre langage inclusif.
Il suffit de fouiller un peu pour prendre conscience de la diversité des ouvrages sur l’écriture inclusive. La sélection présentée ci-dessus permettra toutefois à quiconque le souhaite d’approfondir la réflexion et aux femmes d’occuper la place qui leur revient au sein de la langue française. La balle serait-elle dans le camp des langagières? Quoi qu’il en soit, on constate que, de plus en plus, les femmes veulent utiliser une langue dans laquelle elles se reconnaissent. Et elles semblent déterminées à s’en donner les moyens!