En 1979, Guy Rondeau, éminent linguiste, décrivait la terminologie comme « l’art de repérer, d’analyser et, au besoin, de créer le vocabulaire pour une technique donnée, dans une situation concrète de fonctionnement de façon à répondre aux besoins de l’usager1 ».
Quarante ans plus tard, cette définition conserve toute sa pertinence. En effet, la terminologie se consacre encore essentiellement à la compréhension et à la gestion des termes propres à un secteur professionnel, à un domaine du savoir dans la mesure où elle constitue une ressource langagière; de plus, elle porte habituellement sur des vocabulaires spécialisés plutôt que sur le langage commun ou général. Au fil du temps, plusieurs théories et méthodes qui lui sont propres et la distinguent de la lexicologie ont été établies. À la différence de cette dernière, qui s’intéresse aux mots et à leurs significations, la terminologie traite des concepts et de la façon de les nommer.
Bien qu’elle soit toujours très juste, la description traditionnelle de la terminologie en tant que discipline et profession demeure restrictive. Il est vrai qu’encore aujourd’hui, le terminologue s’assure de l’exactitude du lexique utilisé dans les domaines dits techniques ou de spécialités, consigne le fruit de ses recherches dans des vocabulaires normalisés, assurant ainsi une communication uniforme entre spécialistes, ou sous forme de fiches, dans des bases de données destinées au grand public, aux employés d’un État, aux salariés d’une entreprise, aux autres langagiers, aux collègues non langagiers et à divers clients. Cependant, la pratique de la terminologie et le rôle du terminologue ont bien évolué depuis l’époque où l’on confiait à ce professionnel l’alimentation des premières bases de données, l’épuration de fiches de traduction ou le dépouillement manuel de documents pour constituer des lexiques ou des glossaires. En effet, avec l’arrivée des nouvelles technologies, la mondialisation de l’information, le foisonnement de terminologies différentes sur la Toile et la nécessité de produire des traductions dans des délais toujours plus courts et à moindres coûts, le terminologue occupe plus que jamais une place de premier plan au sein des services de traduction d’entreprise ou des cabinets de traduction, notamment en raison de sa formation, de sa rigueur et de sa polyvalence.
Depuis l’entrée en scène des outils d’aide à la traduction, des mémoires de traduction et des logiciels de traduction automatique (TA) ou neuronale, en plus de ses activités traditionnelles, le terminologue s’est vu confier, selon son expérience, sa formation et la taille de l’entreprise où il travaille, les tâches suivantes :
Enfin, il n’est pas rare qu’un terminologue devienne gestionnaire de projets ou fasse partie de comités interentreprises de terminologie ou de comités de normalisation terminologique à l’échelle nationale, le Conseil canadien des normes par exemple, ou internationale, notamment l’Organisation internationale de normalisation.
Plusieurs chefs d’entreprises ou de cabinets de traduction ne voient pas encore l’utilité du terminologue, car ils ne saisissent pas bien la portée de son rôle. Bien sûr, peu de terminologues de formation exercent aujourd’hui la profession comme dans les années 1970, époque des grands chantiers terminologiques. Toutefois, la très grande majorité de ceux qui sont en poste font réaliser des économies d’échelle aux entreprises ou aux cabinets en enrichissant et en mettant à jour des banques de données, ce qui assure la qualité et l’uniformité de la terminologie. Ils permettent également aux traducteurs comme aux rédacteurs de produire rapidement des documents plus justes, les recherches étant faites à l’extérieur des processus de traduction et de rédaction.
Plus précisément, les terminologues facilitent la prise de décisions linguistiques en recommandant l’emploi des termes appropriés; ce faisant, ils aident à l’uniformisation des textes et veillent, principalement en cabinet de traduction, à l’utilisation de la terminologie privilégiée par chaque client. Ils agissent souvent comme personnes-ressources auprès de ces clients et comprennent leurs besoins linguistiques et terminologiques. Les terminologues favorisent donc une meilleure productivité chez les traducteurs et contribuent à accroître la rentabilité du cabinet ou de l’entreprise.
Dans les faits, les logiciels de TA et les mémoires de traduction nécessitent l’intervention de professionnels langagiers, notamment celle d’un terminologue, pour assurer l’exactitude et la pertinence du contenu et l’uniformité terminologique des documents.
Comme de nombreuses personnes utilisent ces outils au sein d’une même organisation, il est essentiel d’en gérer le contenu et de valider les unités terminologiques afin de garantir la cohérence des traductions et l’emploi de la terminologie appropriée pour un client donné ou pertinente dans un domaine particulier.
Exemple :
Le terme « claim », dans le secteur de l’assurance : « réclamation » dans le domaine de l’assurance responsabilité civile ou de biens; il s’agit toutefois d’un anglicisme dans les autres branches de l’assurance. On utilisera les équivalents suivants en assurance de personnes : « demande de prestations » (assurance invalidité), « demande de prestation » (assurance vie) et « demande de règlement » (assurance pour soins médicaux ou dentaires et générique).
Pour les clients d’un cabinet, il est rassurant de savoir qu’un être humain – et non un outil d’aide à la traduction ou un logiciel de traduction automatique – est responsable de la terminologie utilisée dans ses documents.
Jusqu’à la fin des années 1980, il était possible d’accéder à des programmes universitaires de deuxième cycle spécialisés en terminologie. À l’époque, de nombreuses entreprises privées ainsi que des sociétés publiques et parapubliques embauchaient des terminologues de formation ou des traducteurs passionnés par la terminologie et la recherche. La profession de terminologue a cependant perdu son attrait auprès des étudiants avec la fermeture de nombreux services de traduction, l’arrivée des outils d’aide à la traduction et des mémoires de traduction, l’accès gratuit aux grandes bases de données terminologiques (entre autres, TERMIUM, GDT, ONTERM) et la création d’Internet.
Depuis quelques années, toutefois, on constate que la profession gagne de nouveau en popularité et que de plus en plus d’étudiants en traduction s’intéressent à la terminologie ainsi qu’aux théories et aux méthodes qui la sous-tendent. Les terminologues des dernières années sont essentiellement des traducteurs en début de carrière qui, ayant bénéficié d’un enseignement dans la discipline à l’intérieur de leurs études, sont au fait des plus récentes avancées en matière de traitement des données terminologiques et qui ont découvert que le travail de terminologue répond davantage à leurs aspirations professionnelles.
Pour répondre à la demande grandissante, huit établissements d’enseignement canadiens – la plupart situées au Québec – offrent aujourd’hui des cours de terminologie dans le cadre de leur programme de traduction : l’Université Concordia, l’Université McGill, l’Université de Montréal, l’Université Laval, l’Université de Sherbrooke, l’Université du Québec en Outaouais, l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’Université d’Ottawa.
Claude Brodeur est conseillère, Services langagiers, chez Willis Towers Watson.
Le mandat de protection du public ne s'arrête pas aux individus. Les traducteurs, terminologues et interprètes agréés ont également une responsabilité envers la société. Rappel.
Dès la première heure de sa formation en déontologie, tout candidat à l’un des titres décernés par l'OTTIAQ sait que son mandat principal est la protection du public. Celle-ci est composée d'un certain nombre d'éléments qui relèvent en grande partie de la responsabilité professionnelle du langagier envers ses clients, mais ne s'arrête pas à cette seule considération.
Le mandat de protection du public, pour les traducteurs, terminologues et interprètes, porte le plus souvent sur les préjudices pouvant découler d'une mauvaise traduction. Ces préjudices peuvent être de nature financière ou morale, comme dans le cas d'une publicité ou d'une image de marque mal traduites ou culturellement mal adaptées. Ils peuvent aussi consister en des poursuites judiciaires pour une entreprise ou un danger pour la santé ou la vie des membres du public si, par exemple, des instructions médicales, des ingrédients ou des directives sont mal traduites ou interprétées.
Les traducteurs agréés ont ainsi pour mission de faire usage de leur compétence professionnelle pour éviter les risques inhérents à une pratique malhabile, ignorante ou sans contrôle de qualité. Cette compétence se déploie sur un très large éventail, qui va d'un choix terminologique judicieux à l'évaluation de nuances délicates d'un contexte culturel donné.
Or, la protection exercée par les membres de l'OTTIAQ ne doit pas s'arrêter aux individus, ni au domaine privé.
En mars 2009, l'OTTIAQ a déposé à l'Office des professions du Québec (OPQ) un mémoire portant sur la réserve d'actes professionnels. De nombreux points essentiels y sont soulevés, notamment la nature de l'exercice de la traduction. On y note au sujet des traducteurs qu'en « transposant de façon professionnelle un système de valeurs dans un autre système – transposition interlinguistique, interculturelle et intersémiotique –, ils contribuent à la protection de la société québécoise contre l'acculturation1 ».
Les traducteurs jouent donc un rôle prépondérant en ce qui a trait au bon usage du français et à sa défense contre les anglicismes, bien présents dans le quotidien des Québécois mais aussi dans celui de la plupart des francophones du monde. Dans cette perspective, le mandat de ces langagiers consiste notamment à consacrer et à répandre l’usage de la langue, des mots et des formules. Toutefois, pour Donald Barabé, président de l'OTTIAQ, il ne relève pas de leur responsabilité de créer des néologismes; ils se doivent plutôt d'employer avec circonspection les termes établis entre autres par les terminologues et qui sont déjà entérinés par des institutions comme l'Office québécois de la langue française2.
Contrairement au mandat de protection des citoyens, celui de protection de la société s'exerce sur la place publique. Ainsi l'OTTIAQ doit se prononcer sur les questions d’intérêt social relevant de la traduction. En effet, dans son guide pour le grand public intitulé À quoi sert la traduction?, l'OTTIAQ explique brièvement l'utilité de notre profession pour l'ensemble de la société. Le dernier point du guide est ainsi libellé :
« Et, dans le contexte québécois, à participer à l’application des lois linguistiques.
C’est très souvent par le truchement de la traduction que s’appliquent la Loi sur les langues officielles et la Charte de la langue française3. »
Il est important de souligner que la traduction au Québec, prise dans le contexte canadien, n'est pas un luxe ou un caprice destiné à asseoir l'identité francophone pour un public qui parlerait aussi bien anglais que français, comme le croient certains. La population canadienne étant en réalité peu bilingue4, la traduction exige un traitement des plus sérieux. Pour les professionnels, il s'agit bel et bien d'une responsabilité. Et celle-ci ne s'arrête pas aux membres individuels du public, mais s'étend à la société entière.
La traduction, orale puis écrite, est la base de la communication entre les États et la clé de la transmission du savoir entre les peuples; c’est un pont entre les cultures, les religions, les époques. Devenue une profession, elle est vitale depuis la nuit des temps, et l’est encore aujourd’hui, plus que jamais, avec la mondialisation, les réseaux sociaux et l’éclatement des frontières dans le cyberespace.
Les membres de cette profession, les traducteurs, sont des experts qui retranscrivent des textes ou des conversations d’une langue source vers une langue cible, avec pour objectif l’exactitude, la fluidité dans le respect du fond et de la forme du texte original. Ils le font par une gymnastique des méninges, acquise avec le temps, qui consiste à lire un message dans une langue, à en décoder l’essence, et à trouver les codes qui retranscriront le mieux ce message, idéalement dans leur langue maternelle, car c’est celle qu’ils maîtrisent le mieux, celle de leurs émotions, de leurs sentiments, celle dont ils connaissent les pièges, les nuances, les humeurs.
Aujourd’hui, cette profession langagière est mise à mal par les traducteurs dits « pirates » des Proz et Uber de ce monde et par l’apparition d’extraordinaires traducteurs automatiques gratuits en ligne, à la portée de tous.
Selon l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), le profil de la profession de traducteur se définit comme suit : Le traducteur fournit des services de transposition de texte d’une langue à une autre, en transmettant le plus fidèlement possible le message. Il traduit généralement d’une deuxième ou d’une troisième langue vers sa langue maternelle.
Cela peut paraître simple aux yeux des donneurs d’ouvrage, qui sont nombreux à se demander si tout bilingue ne peut tout simplement pas traduire. La réponse est non. Sans une formation adéquate, une personne qui maîtrise deux ou plusieurs langues n’est pas nécessairement à même de passer de l’une à l’autre. Si la traduction ne consistait qu’en un simple passage interliguistique, une machine ferait l’affaire. Or, tel n’est pas le cas. Il s’agit plutôt de transposer un texte non seulement dans une autre langue, mais dans une autre culture, une autre réalité, une autre grammaire, un autre univers.
Selon le linguiste et maître de conférence français Jean-Pierre Van Deth, dans le processus de diffusion de documents, l’étape de la traduction est souvent prise en compte au dernier moment par nombre d’entreprises, qui n’hésiteront pas à faire appel à des bilingues pour s’en occuper après avoir jugé trop élevé le coût d’une traduction effectuée par un professionnel. Toutefois, une traduction bâclée peut coûter bien plus cher, car elle peut nuire à l’image de l’entreprise.
Comme la profession de traducteur est dans la majorité des pays une profession ouverte et qu’il n’existe pas de réserve d’acte, nul ne peut empêcher quiconque de se déclarer traducteur et d’en faire la promotion1.
Dans le choix d’un bon traducteur, le client potentiel se pose deux questions :
Les traducteurs agréés sont membres d’un ordre professionnel dont le mandat est de protéger le public. Pour être agréés, les traducteurs doivent avoir suivi une formation adéquate ou avoir une longue expérience pertinente; puis ils doivent s’engager à respecter le Code des professions, le Code de déontologie et divers règlements; et enfin, ils peuvent en tout temps être soumis à une inspection professionnelle. Ils doivent répondre à des critères bien précis et posséder des compétences et des connaissances étendues et l’aptitude à les appliquer à la traduction.
Cette réglementation est accompagnée de grilles des compétences que doit posséder chaque membre selon sa catégorie professionnelle (traduction, terminologie et interprétation), ainsi que celles qui s’appliquent à l’ensemble des membres.
Pour l’instant, relativement peu d’entreprises réclament l’agrément comme condition pour engager un traducteur, mais beaucoup d’entre elles les encouragent fortement à être agréés, quitte à leur payer les frais annuels par la suite2. Les cabinets de traduction étant assujettis à la norme nationale du Canada pour les services de traduction, ils doivent veiller à ce que les traducteurs qu’ils embauchent possèdent les compétences suivantes :
a) Compétence linguistique et rédactionnelle dans la langue source et dans la langue cible — La compétence linguistique comprend l’aptitude à comprendre la langue source et requiert la maîtrise de la langue cible. La compétence rédactionnelle exige la connaissance des types de textes pertinents et comprend l’aptitude à appliquer ces connaissances à la traduction.
b) Compétence en recherche — La compétence en recherche est l’aptitude à acquérir les connaissances linguistiques, spécialisées et autres nécessaires pour comprendre le texte source et le traduire. La compétence en recherche comprend aussi l’expérience de l’utilisation des ressources techniques.
c) Compétence culturelle — La compétence culturelle est la connaissance des particularités locales et l’aptitude à les appliquer à la traduction.
d) Compétence technique — La compétence technique est la connaissance des ressources techniques et l’aptitude à les appliquer à la traduction.
Un certain nombre de domaines ne peuvent pas se permettre d’embaucher des pseudo-traducteurs, notamment : les domaines de spécialité, la recherche, la traduction médicale et pharmaceutique, la traduction juridique ou la traduction technique, ainsi que la traduction littéraire. L’agrément, qui exige un diplôme ou une expérience pertinente, donc une compétence prouvée, assure une certaine qualité professionnelle.
Aujourd’hui, plus que jamais, la profession de traducteur est en pleine mutation. L’offre dépasse la demande, même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Trop de non professionnels offrent leur service à des prix dérisoires, et les clients mordent à l’hameçon.
Les traducteurs se doivent de réagir afin de revaloriser leur profession, surtout dans les domaines de spécialité cités plus haut.
Un ordre professionnel, notamment l’OTTIAQ au Québec, offre des avantages et encadrements qui donnent au traducteur un statut officiel, une bonne visibilité, de la crédibilité aux yeux des clients, grâce notamment à une assurance-responsabilité, et surtout une communauté de collègues prêts à prodiguer toutes sortes de conseils. Voici la liste des avantages proposés par l’OTTIAQ3 :
Ce qui distingue le traducteur professionnel des pseudo-traducteur et des « pirates », c’est son professionnalisme, sa compétence, sa formation continue. Et ce qui le distingue de la machine, c’est son savoir, sa culture, ses émotions, son style d’écriture.
Les ordres professionnels, notamment l’OTTIAQ au Québec, s’ils sont une sorte de phare ou de balise pour les traducteurs, dont ils encadrent la profession, sont des remparts pour le public, car leur mission est de le protéger.
Quality assurance is one of the most talked-about subjects when it comes to evaluating any translation. And even though quality assurance applies to many different aspects of translation, most mistakes seem to stem from misinterpretations of the original text. These “meaning mistakes” have consequences with several degrees of severity. The classic Fabriqué en dinde (Made in turkey), a literal translation of Fabriqué en Turquie (Made in Turkey), found on an item of clothing, will certainly make us chuckle, but will probably not have any serious repercussions. However, other mistranslations can cause significant problems, not only for product users, but also for the product's manufacturer.
Recently, a Home Hardware store received a complaint about a mistranslation of one of their products. Lye crystal was translated as cristaux de soude, a harmless compound, instead of soude caustique, a corrosive chemical product that can cause serious injury to users if precautions are not taken. Health Canada, responsible for the enforcement of the Canada Consumer Product Safety Act (CCPSA), claims to be working with Home Hardware to make sure the error is corrected as quickly as possible. For its part, Home Hardware said it had instructed all its branches to change the label, but at the time of writing, the product remained in stores with unchanged labels.
The Saskatchewan Health Authority had to remove a poster from its website due to the large number of mistakes in the French version. Certified translator Marie-France Kenny took the time to revise it and the result was drastically different. Ms. Kenny found meaning mistakes, as well as tense and agreement errors. Using inexpensive resources to economize might have been the Health Authority’s ultimate goal, but often such supposed savings end up costing much more. And, naturally, the reputation of the organization suffers. However, there is a personal responsibility component in all translation failures. Whoever translated the English text into French surely must know that his or her French-language skills are far from perfect, and should have refused the job, or at least, requested that the text be revised before publication. Of course, the responsibility ultimately lies with the Saskatchewan Health Authority.
When asked to comment about mistranslation, the President of OTTIAQ, Donald Barabé, explained that mistranslations of certain texts, especially instructions for the use of chemical products, can cause serious or irreparable harm to users. Hiring a certified translator is therefore in a client’s best interests in that it adds an extra layer of protection against possible translation errors since OTTIAQ members have liability insurance. The Association’s mandate is to ensure the protection of the public. To this end, potential members’ qualifications and professional skills are thoroughly verified upon application to join the Association. Moreover, random periodic professional inspections aim at ensuring that members remain up-to-date with new technologies and techniques. All this gives clients peace of mind by ensuring there is a professional responsibility aspect behind any job carried out by a certified translator.
Leaving aside costly product recalls or court awards, translation errors have other repercussions of varying significance. While harm to customers’ health or even lives will certainly lead to legal action and expensive settlements or fines, in the aftermath of a translation disaster, damage to the brand image and reputation of a company or organization might not be easily repaired. A tainted brand name might end up carrying a negative connotation for the public and affect consumers' purchase intentions, while restoring a corporate image can cost thousands of dollars.
Humans do make mistakes, no matter the field in which they work. Doctors, lawyers, mechanics, teachers, might make the wrong call at some point in their careers. However, turning to seasoned professionals to do the job is a way of minimizing errors. In the case of translation, a semi-regulated profession for which clients usually don’t ask for proof of formal education, doing business with a certified translator guarantees an underlying vetting process, as translators undergo a thorough quality control assessment before being accepted as certified members of the provincially recognized professional order.
OTTIAQ is dedicated to promoting the hiring of certified translators, cognizant of a client's need to avoid potentially serious mistranslations, since fixing problems is much more expensive than preventing them.
Donald Barabé, président de l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec nous parle de la visibilité et de la présence médiatique de l'Ordre, de ses rapports avec les autres ordres professionnels et de sa position concernant la réserve d'actes.
Circuit : La traduction est-elle une activité professionnelle comparable aux autres? Si c’est le cas, en quoi l'OTTIAQ est-il différent des autres ordres?
Donald Barabé : Plusieurs facteurs font en sorte que la traduction souffre d'un statut moindre par rapport à d'autres professions. Le fait que ce soit une profession à prédominance féminine contribue malheureusement à cette perception, tout comme l'association erronée du bilinguisme à la capacité de traduire.
L'OTTIAQ est un ordre à titre réservé, c'est-à-dire que ses membres ne sont pas les seuls à offrir des services de traduction au Québec. La profession n'est donc pas réglementée dans son ensemble et peut faire l'objet d'une perception négative à cet égard. Et bien entendu, la protection du public n'est pas assurée non plus pour les traductions qui sont effectuées par des traducteurs non agréés.
C. : Le Guide pour le grand public précise que « L’OTTIAQ vise également à favoriser le rayonnement des professions langagières qu’il représente en assurant leur valorisation auprès des publics concernés, en faisant la promotion des compétences de ses membres et en encourageant l’utilisation de leurs services auprès des organismes publics et privés, des entreprises ainsi que des particuliers1. » Parlez-moi de la présence médiatique de l'Ordre. Comment la campagne publicitaire des dernières années s'inscrit-elle dans cette volonté de faire connaître au public l'existence et l'importance d'un ordre professionnel?
D. B. : L'Office des professions nous a fait remarquer que l’OTTIAQ n’est pas très présente dans les médias pour se prononcer sur les enjeux qui le concernent. C'est en grande partie en réaction à cette constatation que nous avons lancé la campagne publicitaire qui a débuté en 2016, avec les panneaux au centre-ville de Montréal, les capsules vidéo avec Vincent Graton et les bannières pour courriel, entre autres.
Nous avons aussi pour objectif d'augmenter les effectifs de l'Ordre. En augmentant la visibilité de l'OTTIAQ, nous espérons attirer de nouveaux membres, notamment de la relève, et c'est d'ailleurs pourquoi nous avons formé un comité des jeunes de moins de 35 ans.
De plus, dès qu’il est question de protection du public, l’OTTIAQ doit se prononcer sur certaines questions linguistiques. Il est de notre responsabilité de prendre position dans l'espace public. Je pense par exemple aux erreurs de traduction qui peuvent nuire aux consommateurs. Nous nous assurons de publier un avis dans les médias chaque fois que ce type d'événement est porté à notre attention. Cela permet en outre à l'Ordre de s'associer favorablement à la qualité de la langue et au professionnalisme en ce qui concerne la traduction.
C. : Quel est le rôle de l'OTTIAQ par rapport aux autres ordres, pour la question de la traduction?
D. B. : Les autres ordres n'ont aucune obligation d'avoir recours à des traducteurs agréés. Mon prédécesseur Réal Paquette y faisait allusion récemment dans une lettre ouverte, soulignant qu'il était « assez paradoxal que le gouvernement du Québec ait créé il y a 25 ans un ordre de traducteurs, terminologues et interprètes agréés (OTTIAQ) dont l’unique mandat, à l’instar des autres ordres professionnels, est d’assurer la protection du public, mais qu’il ne s’oblige pas lui-même à recourir à ses membres2 ».
Plus généralement, pour tous les membres du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ), il y a une responsabilité personnelle engagée par les professionnels lorsque leurs textes sont traduits. Par conséquent, si un comptable traduit son propre texte, par exemple, il devrait être responsable de cette traduction. Cette situation à elle seule devrait suffire à convaincre les autres ordres de faire appel à des traducteurs agréés. Certains en comprennent déjà la nécessité mais c'est loin d'être systématique.
C'est dans ce contexte que l'OTTIAQ a déposé à l'Office des professions du Québec (OPQ) un mémoire intitulé Demande de modernisation du champ d’exercice des traducteurs, terminologues et interprètes agréés et de réserve d’activités professionnelles en traduction.
C. : Vous avez été responsable du Comité sur la réserve d'actes. Pouvez-vous me parler de ce mémoire? Où en est-il?
D. B. : Il a été déposé en mars 2016. Il demande d'une part la modernisation des champs d’exercice des trois professions, champs qui se retrouvent dans le Code des professions à l’article 37, soit la traduction, l’interprétation et la terminologie, et d'autre part la réserve d’actes professionnels pour les traducteurs agréés pour certains domaines, comme la traduction législative. La traduction erronée et la certification d’une traduction erronée de certains documents peuvent entraîner un préjudice grave ou irrémédiable, et les traducteurs agréés possèdent les connaissances, compétences et habiletés spécialisées permettant d’éviter ce genre de préjudice.
L'OPQ a décrété un embargo à partir du moment où il a reçu le mémoire. C'est pour cette raison que nous n'avons pas pu en dire plus que l'information déjà diffusée entre autres dans des numéros antérieurs de Circuit. Nous ne pouvons divulguer ni la teneur exacte de nos demandes, ni le justificatif de la position de l'Ordre. Quand l’embargo sera levé, les membres pourront prendre connaissance des demandes de l’Ordre, notamment quels sont les champs d’exercice qui doivent être modernisés. À titre d'exemple, l'OTTIAQ a fait son entrée dans l'OPQ en 1992, avant Internet! Bien des choses ont changé depuis dans le quotidien de notre profession.
On ne sait pas quand cet embargo sera levé, mais j’ai bon espoir que ce soit pour bientôt. Chose certaine, notre demande suit son cours.
C. : Qu'en est-il des professions de terminologue et d'interprète en ce qui a trait à la réserve d'actes?
D. B. : Pour ce qui est de l'interprétation, la situation a beaucoup changé au Québec au cours des dernières décennies. L'interprétation de conférence n'est plus l'activité principale. On compte beaucoup plus d'activité en milieu social, soit l'interprétation médicale et judiciaire ainsi que celle liée à l'immigration. Rien de cela n'est toutefois réglementé : dans le domaine médical, aujourd’hui, des enfants mineurs servent d'interprètes entre leurs parents et le personnel hospitalier, parfois même pour des diagnostics les concernant eux-mêmes. Il s'agit bien entendu d'un enjeu important de protection du public.
La demande est actuellement largement dominée par l’interprétation en milieu social. Mais il n’existe pas de diplôme, ni au niveau collégial ni au niveau universitaire, ni même de formation officielle. En effet, même si la demande existe bel et bien, le problème concerne les combinaisons linguistiques, qui ne constituent pas de masse critique permettant de justifier la création d’un cours. Par ailleurs, la plupart des interprètes communautaires travaillent à temps partiel, et il est difficile de vivre de cette seule activité. Le domaine fluctue selon les aléas sociopolitiques. C’est le problème de l'œuf et de la poule conjugué aux complexités de l'offre et de la demande.
En ce qui concerne la terminologie, soulignons déjà que le Québec est la seule région du monde où les terminologues font partie d'un ordre professionnel. Leur rôle est d'une certaine façon plus effacé par rapport au public, mais prépondérant pour tout ce qui a trait à la néologie, ce qui les lie fortement au développement des sciences et des technologies. Les terminologues jouent un rôle essentiel dans le mandat de défense de la société contre l'acculturation, qui constitue le deuxième mandat de protection du public de l'OTTIAQ. Ils occupent justement une position délicate entre la néologie, le respect de l'usage et la protection de la langue.
Pour ce qui est de la question des actes réservés, ils sont actuellement encore en réflexion.
C. : Si vous pouviez résumer le point le plus important dans ce dossier, que diriez-vous aux membres de l'OTTIAQ?
DB : De se tenir informés. Le mémoire est sous embargo, mais il est important d'en suivre le développement. C'est l'avenir de notre profession qui se joue.
1. OTTIAQ, À quoi sert la traduction? Guide pour le grand public, mars 2015, p. 5.
2. Réal Paquette. Lettre d'opinion : Au Québec, la traduction des lois devrait être faite par des traducteurs agréés. 2018.