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La table ronde sur la terminologie, un événement historique

C’est à l’instigation de Fabien Côté, propriétaire de Trans-IT inc. et membre du Conseil de l’AILIA, de plus en plus intrigué par la terminologie, que Nycole Bélanger a proposé un projet de table ronde qui réunirait de petits (et moyens) cabinets de traduction.  Et Fabien Coté d’insister pour que quelques terminologues soient invités pour répondre à toutes les questions. Quel beau projet! Une première dans l’histoire de la profession!

Le 22 mars dernier, dix-sept personnes, dont six terminologues, se rencontraient sous l’égide de l’AILIA, à l’Espace La Fontaine, à Montréal. Les sujets à aborder sont nombreux.

  • On vient chercher de l’information sur la terminologie vu les besoins changeants de l’entreprise en contexte multilingue.
  • Quelle est la valeur ajoutée de la terminologie?
  • À quel moment peut-on dire qu’un terminologue est nécessaire dans une équipe?
  • Malgré les avancées de la technologie langagière et la multiplicité des outils, il semble que la terminologie ne soit pas traitée adéquatement. - Quoi penser?
  • Les participants sont aussi curieux de savoir ce qui se fait, ici et là, en terminologie.

Ambiance dynamique et chaleureuse

C’est dans une ambiance dynamique, et même chaleureuse, qu’ont eu lieu les discussions menées par Nycole Bélanger, traductrice agréée, terminologue agrée  Jeunes et moins jeunes se sont entendus sur l’existence d’une fonction terminologie, même s’il n’y a pas de terminologue en titre au sein de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Dans un groupe de traducteurs, il y a généralement un terminologue dans l’âme. Il s’agit de la personne qui s’applique à consigner les recherches effectuées et à les mettre à la disposition des collègues. C’est aussi la personne qui est constamment à l’affût des nouveaux outils linguistiques, des ressources terminologiques; la personne qui n’hésite pas à consulter un spécialiste pour bien cerner un concept. Ce terminologue dans l’âme devient une ressource indispensable vers qui l’équipe se tourne dans les moments difficiles, lorsque le temps presse et que les recherches sont demeurées infructueuses. C’est aussi cette personne qui fait souvent gagner bien du temps. Et qui dit temps, dit aussi argent! Voici donc là la valeur ajoutée de la fonction terminologie en cabinet et en entreprise : permettre aux traducteurs de travailler plus efficacement.

Si certains cabinets affectent une part de leur budget à la terminologie, c’est certainement qu’elle a une valeur économique. À quel moment un poste de terminologue est-il justifié? Pourquoi les administrations résistent-elles à nommer la personne qui consacre une partie de son temps à faire de la termino un ou une terminologue? Pourrait-on soulever l’hypothèse que les administrateurs craignent  d’avoir à justifier cette fonction économiquement parlant?

Les terminologues de formation ou les terminologues dans l’âme sont peu nombreux au Canada (à peine 200 terminologues sur 13 000 langagiers) et ils travaillent très souvent dans l’ombre des traducteurs et des interprètes; ils sont « invisibles ». Et pourtant, que feraient toutes ces équipes de traduction sans les banques de terminologie et les multiples lexiques spécialisés? Où en seraient les terminologies spécialisées s’il n’y avait pas eu des agents de normalisation linguistique, des terminologues, dans les divers domaines de la connaissance?

Il est important de bien décrire le travail du terminologue dans ses multiples facettes : gestion de la ou des banques de terminologie du cabinet ou de l’entreprise, suivi de titres de fonctions, prise de position sur les néologismes, recherches terminologiques ponctuelles, dépouillement d’ouvrages et extraction de termes en vue de dégager la terminologie d’un secteur en particulier (terminologie thématique), traitement des questions de féminisation, de rectification de l’orthographe et conseils linguistiques de toute nature. Dans le monde où nous vivons, le terminologue est un professionnel très polyvalent, dit « multitâches », qu’on appelle parfois urgentologue. De plus, certaines équipes travaillent en milieux multilingues!

À une époque où les communications explosent, il semble que les multiples outils technologiques mis à la disposition des langagiers ne traitent pas adéquatement la terminologie. Comme les erreurs peuvent coûter très cher à toute entreprise, il est temps qu’on reconnaisse l’importance et la valeur réelle de la terminologie, et que la personne qui exerce la fonction terminologie se nomme terminologue !

L’avenir

La profession de terminologue est encore peu connue, même dans les universités. Il faut dire que, dans une population d’étudiants en traduction, très peu ont la fibre terminologique; il s’agit d’une espèce rare. Par conséquent, la discipline terminologique n’est pas rentable pour la plupart des universités. C’est pourquoi il est important de cibler les étudiants intéressés par la pratique de la terminologie et de les appuyer dans leur cheminement, notamment en favorisant la rencontre de ces étudiants avec les terminologues en poste ou qui ont exercé la profession. Il va sans dire que, dans ce domaine, plus que dans tout autre, le réseautage est essentiel.

À suivre aussi, le faire-valoir du titre de terminologue. Ce n’est pas parce que les terminologues sont peu nombreux qu’ils ne doivent pas être reconnus à leur juste valeur. Ils sont un levier extrêmement puissant dans l’industrie langagière. Un exemple à signaler : les Services linguistiques du Groupe Banque TD, impartis pendant plusieurs années ont été rétablis en 2009. La fonction terminologie y a été établie en 2010 et le poste de terminologue créé en 2014.

La table ronde de l’AILIA a été un bel exemple de partage d’opinions sur la terminologie dans les petits (et moyens) cabinets de traduction et services linguistiques d’entreprise. Il sera important de multiplier les rencontres incluant l’industrie en général, les organismes publics et, bien sûr, les universités. Il est urgent d’aller chercher la relève. Nous nous dirigeons peut-être vers un nouvel âge d’or de la terminologie!


table-ronde

 

Table ronde AILIA, Rendez-vous Montréal, 22 mars 2018

Personnes participantes
Assises – table de gauche
Caroline Fournier (TransPerfect), Elizabeth Gauthier (Compagnie de la Baie d’Hudson), Elizabeth Rioux (Trans-IT), Savoyane Lepage (Textualis), Nicole Sévigny (AILIA)
Debout, de g. à d. :  Stephan Gervais (Adéquat), Fabien Côté (Trans-IT), Nycole Bélanger (Gestion de services linguistiques), Yvan Lantin  et Alejandro  Staricco (Services linguistiques - Hasbro) , Christine Spadafora  (BG Communications)
Assises – table du fond :  Claude Brodeur (Willis Towers Watson), Martine Morel (Groupe Banque TD), Johanne Saint-Denis (Communications Transcript) et Nathalie Bonsaint (Radio-Canada)
Absents de la photo : Vincent Roy (Francisation Interglobe) , Alicia Ramirez (TransPerfect) et Simon Tétrault (Cartier et Lelarge)

 


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