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De traduction et d’environnement

Par Philippe Caignon, terminologue agréé et traducteur agréé

Comme on a pu s’en rendre compte en suivant les travaux de la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques, la question environnementale préoccupe de nombreux membres de notre société. Les difficiles négociations entre les représentants gouvernementaux, les manifestations des activistes en marge de la réunion internationale et la multitude de témoignages d’opinion du commun des mortels ont en effet été diffusés par les médias traditionnels et les médias sociaux aux quatre coins du globe. 

La situation environnementale est une source d’inquiétude pour de nombreuses personnes qui essaient tant bien que mal de faire leur part pour redresser la barre. Cet intérêt de la population et des médias nationaux entraîne naturellement une demande d’information reflétant divers points de vue en plusieurs langues, information qui doit être retransmise rapidement dans presque tous les territoires et pays de notre planète. 

L’environnement se révèle être un domaine de spécialité dans lequel travaillent nombre de langagières et de langagiers du Québec, du Canada et du monde entier. Devant ce constat, Circuit, par l’entremise de Barbara McClintock, traductrice agréée et terminologue agréée, s’est penché sur le rapport de nos collègues avec l’environnement comme spécialisation et comme préoccupation citoyenne.

Pour ce faire, Mme McClintock a réuni une pléiade d’autrices et d’auteurs qui ont l’environnement en point commun. Ainsi, Anouk Jaccarini lance le bal en traitant d’un sujet central, l’écoanxiété dont les traductrices et traducteurs en environnement peuvent souffrir. Pour lutter contre cette anxiété, Mme Jaccarini encourage nos collègues a retrouver confiance, notamment en consultant des sources non alarmistes, et à regarder positivement vers l’avenir. C’est justement dans le but d’informer davantage ses lectrices et lecteurs sur le sujet que Circuit a rencontré Diego Creimer de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec. M. Creimer nous entretient entre autres sujets des causes des changements climatiques et du rôle de la traduction dans la stratégie de communication des organismes environnementaux.

Ensuite, Renée-Alexandra Marion, étudiante à la maîtrise professionnelle de l’Université Concordia, se penche sur la question de « traduire l’environnement » pour éduquer le public ainsi que sur le rôle des traductrices et traducteurs dans la propagation des changements climatiques. L’article d’Eleri Luff, traductrice pigiste à Londres, fait écho à celui de Mme Marion en démontrant l’importance de choisir avec soin la terminologie qu’on emploie dans ses traductions, car celle-ci a des effets notoires sur le lectorat qui reçoit les textes traduits.

Poursuivant sur cette lancée, James Archibald, enseignant à l’Université de Turin en Italie, met l’accent sur l’importance de comprendre le vocabulaire de l’environnement. Selon l’auteur, il existe en effet une fracture notionnelle entre les spécialistes et les non-spécialistes qui veulent mettre en œuvre des normes environnementales. Prenant un agriculteur en exemple, M. Archibald montre comment toute personne, y compris les langagières et langagiers, peuvent fournir des efforts de compréhension terminologique productifs pour favoriser le bien-être des générations à venir.

Pour sa part, Natalie Pavey, traductrice indépendante au Nouveau-Brunswick, nous parle du domaine du bâtiment durable et des problèmes de traduction liés aux processus de certification par le Conseil du bâtiment durable du Canada. L’autrice nous présente également un bref historique ainsi que les normes du bâtiment durable en Amérique du Nord. De son côté, Barbara McClintock fait une mise à jour sur le recyclage au Québec. Elle nous montre ainsi la façon dont le recyclage conduit à l’économie circulaire et aborde quelque peu la terminologie juridique qui entoure le domaine du recyclage.

Par ailleurs, dans la chronique Entretiens, Luc Tousignant, directeur général d'Esplanade Québec, nous explique comment les entreprises du Québec envisagent leur impact socio-environnemental et comment les langagières et langagiers peuvent se révéler des partenaires efficaces dans la promotion des projets de transition vers les énergies propres. Enfin, Guillermo Badenes et Josefina Coisson, de l’université nationale de Córdoba en Argentine, ont rédigé pour nous la chronique La esfera hispánica. Ces deux universitaires proposent des stratégies de rédaction relatives à l’écotraduction en espagnol, stratégies qui peuvent s’appliquer à toutes les langues.

Nous espérons que le présent numéro vous satisfera et nous vous souhaitons une excellente lecture.


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