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Témoignage

Être présidente

Par Anne-Marie De Vos, traductrice agréée

« Les femmes en traduction sont majoritaires, mais sont-elles en position de force ou de pouvoir? » À cette question, j’ai envie de donner une réponse de Normand : « Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. »

Lorsque j’ai été nommée à la présidence de l’OTTIAQ, que j’ai assumée pendant trois ans, je n’ai certainement pas eu l’impression d’arriver enfin à un poste réservé aux hommes, puisque la majorité des membres de l’Ordre sont des femmes. De plus, un bon nombre de femmes avaient occupé cette fonction avant moi.

À l’époque, je ne me suis pas demandé si j’étais en position de force. J’ai toutefois trouvé formidable, du fait d’être à la tête d’une organisation, d’en avoir une vue d’ensemble et de mieux en comprendre le fonctionnement et les rouages. Rétrospectivement, je me rends compte que cela m’a aidée à remplir mon rôle et m’a placée dans une position de force. Mais je n’ai jamais imposé cette force; lorsque je prenais des décisions importantes, c’était toujours après consultation avec les membres du conseil d’administration.

Je n’ai pas eu l’impression, en tant que présidente de l’Ordre, de ne pas avoir assez de pouvoir parce que j’étais une femme. Mais il est vrai que pour moi, c’est une question d’attitude : depuis l’enfance, j’ai continuellement revendiqué mes droits. Ainsi, même si j’ai reçu mon éducation dans une école de filles, par la suite, j’ai toujours réussi à faire entendre ma voix quand il le fallait et à être écoutée.

À quand la relève présidentielle au féminin?  

Si plusieurs traductrices ont assumé la présidence de l’OTTIAQ au fil du temps, depuis dix ans, le poste est occupé par des traducteurs. On peut se demander pourquoi. Certes, il est normal que dans un milieu qui prône l’égalité, hommes et femmes puissent occuper les mêmes postes or, je trouve que ça fait bien longtemps qu’il n’y a pas eu de présidente à l’OTTIAQ.

Je me risque à formuler une hypothèse. Je constate que nombre de traductrices qui se démarquent par leur engagement au sein de l’OTTIAQ et qui feraient sûrement d’excellentes présidentes sont mères. Et je sais, par expérience, que combiner travail professionnel et vie de famille est extrêmement exigeant. Alors ajouter à cela une présidence ou une autre tâche chronophage serait pour elles très compliqué. Pour ma part, lorsque j’ai accepté la présidence de l’OTTIAQ, ma progéniture avait quitté le nid familial et j’avais le temps de m’engager à fond dans cette aventure.

Cette réflexion m’amène à penser que beaucoup de traductrices qui pourraient utiliser la force de leur nombre dans leur milieu professionnel pour faire reconnaître leur valeur et promouvoir leur profession ne le font pas. Est-ce là aussi par manque de temps? Ou peut-être est-ce une question de caractère puisque notre profession attire beaucoup de personnes discrètes et timides?

Il y a aussi bien sûr des traductrices plus fonceuses et meneuses. La profession a besoin de personnalités diverses, dont ces excellentes femmes d’affaires pour s’imposer plus avant auprès du public.

Anne-Marie De Vos, traductrice en pratique privée, a été présidente de l’OTTIAQ de 2006 à 2009.


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