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Profession : traducteur

Par Danielle Jazzar, traductrice agréée

La traduction, orale puis écrite, est la base de la communication entre les États et la clé de la transmission du savoir entre les peuples; c’est un pont entre les cultures, les religions, les époques. Devenue une profession, elle est vitale depuis la nuit des temps, et l’est encore aujourd’hui, plus que jamais, avec la mondialisation, les réseaux sociaux et l’éclatement des frontières dans le cyberespace.

Les membres de cette profession, les traducteurs, sont des experts qui retranscrivent des textes ou des conversations d’une langue source vers une langue cible, avec pour objectif l’exactitude, la fluidité dans le respect du fond et de la forme du texte original. Ils le font par une gymnastique des méninges, acquise avec le temps, qui consiste à lire un message dans une langue, à en décoder l’essence, et à trouver les codes qui retranscriront le mieux ce message, idéalement dans leur langue maternelle, car c’est celle qu’ils maîtrisent le mieux, celle de leurs émotions, de leurs sentiments, celle dont ils connaissent les pièges, les nuances, les humeurs.

Aujourd’hui, cette profession langagière est mise à mal par les traducteurs dits « pirates » des Proz et Uber de ce monde et par l’apparition d’extraordinaires traducteurs automatiques gratuits en ligne, à la portée de tous.

Que fait un traducteur?

Selon l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), le profil de la profession de traducteur se définit comme suit : Le traducteur fournit des services de transposition de texte d’une langue à une autre, en transmettant le plus fidèlement possible le message. Il traduit généralement d’une deuxième ou d’une troisième langue vers sa langue maternelle.

Cela peut paraître simple aux yeux des donneurs d’ouvrage, qui sont nombreux à se demander si tout bilingue ne peut tout simplement pas traduire. La réponse est non. Sans une formation adéquate, une personne qui maîtrise deux ou plusieurs langues n’est pas nécessairement à même de passer de l’une à l’autre. Si la traduction ne consistait qu’en un simple passage interliguistique, une machine ferait l’affaire. Or, tel n’est pas le cas. Il s’agit plutôt de transposer un texte non seulement dans une autre langue, mais dans une autre culture, une autre réalité, une autre grammaire, un autre univers.
 
Selon le linguiste et maître de conférence français Jean-Pierre Van Deth, dans le processus de diffusion de documents, l’étape de la traduction est souvent prise en compte au dernier moment par nombre d’entreprises, qui n’hésiteront pas à faire appel à des bilingues pour s’en occuper après avoir jugé trop élevé le coût d’une traduction effectuée par un professionnel. Toutefois, une traduction bâclée peut coûter bien plus cher, car elle peut nuire à l’image de l’entreprise.

Les critères pour choisir un bon traducteur

Comme la profession de traducteur est dans la majorité des pays une profession ouverte et qu’il n’existe pas de réserve d’acte, nul ne peut empêcher quiconque de se déclarer traducteur et d’en faire la promotion1.

Dans le choix d’un bon traducteur, le client potentiel se pose deux questions :

  • Comment découvrir les coordonnées de traducteurs dans les domaines demandés?

    Internet est un très bon outil, mais les répertoires des associations ou des ordres professionnels constituent une mine de renseignements à cette fin.
  • Comment choisir entre les traducteurs proposés?

    Pour mettre les chances de son côté et trouver un traducteur compétent et sérieux, à part le bouche-à-oreille, le client devrait se tourner vers les organismes qui font le tri en amont : les ordres professionnels, qui établissent des critères exigeants pour admettre leurs membres dans le but de protéger le public. Au Québec, c’est l’OTTIAQ qui donne l’exclusivité du titre de traducteur agréé.

L’avantage de faire appel à des traducteurs agréés

Les traducteurs agréés sont membres d’un ordre professionnel dont le mandat est de protéger le public. Pour être agréés, les traducteurs doivent avoir suivi une formation adéquate ou avoir une longue expérience pertinente; puis ils doivent s’engager à respecter le Code des professions, le Code de déontologie et divers règlements; et enfin, ils peuvent en tout temps être soumis à une inspection professionnelle. Ils doivent répondre à des critères bien précis et posséder des compétences et des connaissances étendues et l’aptitude à les appliquer à la traduction.

Cette réglementation est accompagnée de grilles des compétences que doit posséder chaque membre selon sa catégorie professionnelle (traduction, terminologie et interprétation), ainsi que celles qui s’appliquent à l’ensemble des membres.

Pour l’instant, relativement peu d’entreprises réclament l’agrément comme condition pour engager un traducteur, mais beaucoup d’entre elles les encouragent fortement à être agréés, quitte à leur payer les frais annuels par la suite2. Les cabinets de traduction étant assujettis à la norme nationale du Canada pour les services de traduction, ils doivent veiller à ce que les traducteurs qu’ils embauchent possèdent les compétences suivantes :

a) Compétence linguistique et rédactionnelle dans la langue source et dans la langue cible — La compétence linguistique comprend l’aptitude à comprendre la langue source et requiert la maîtrise de la langue cible. La compétence rédactionnelle exige la connaissance des types de textes pertinents et comprend l’aptitude à appliquer ces connaissances à la traduction.
b) Compétence en recherche — La compétence en recherche est l’aptitude à acquérir les connaissances linguistiques, spécialisées et autres nécessaires pour comprendre le texte source et le traduire. La compétence en recherche comprend aussi l’expérience de l’utilisation des ressources techniques.
c) Compétence culturelle — La compétence culturelle est la connaissance des particularités locales et l’aptitude à les appliquer à la traduction.
d) Compétence technique — La compétence technique est la connaissance des ressources techniques et l’aptitude à les appliquer à la traduction.

Un certain nombre de domaines ne peuvent pas se permettre d’embaucher des pseudo-traducteurs, notamment : les domaines de spécialité, la recherche, la traduction médicale et pharmaceutique, la traduction juridique ou la traduction technique, ainsi que la traduction littéraire. L’agrément, qui exige un diplôme ou une expérience pertinente, donc une compétence prouvée, assure une certaine qualité professionnelle.

L’avantage pour un traducteur d’être agréé

Aujourd’hui, plus que jamais, la profession de traducteur est en pleine mutation. L’offre dépasse la demande, même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Trop de non professionnels offrent leur service à des prix dérisoires, et les clients mordent à l’hameçon.

Les traducteurs se doivent de réagir afin de revaloriser leur profession, surtout dans les domaines de spécialité cités plus haut.

Un ordre professionnel, notamment l’OTTIAQ au Québec, offre des avantages et encadrements qui donnent au traducteur un statut officiel, une bonne visibilité, de la crédibilité aux yeux des clients, grâce notamment à une assurance-responsabilité, et surtout une communauté de collègues prêts à prodiguer toutes sortes de conseils. Voici la liste des avantages proposés par l’OTTIAQ3 :

  • Un statut professionnel : titre de traducteur agréé (trad. a.), de terminologue agréé (term. a.) ou d’interprète agréé (int. a.)
  • L’inscription au répertoire électronique de l’OTTIAQ, véritable vitrine de la profession
  • La consultation des offres d’emploi postées dans le site Web de l’OTTIAQ
  • Un programme de formation continue (tarifs préférentiels)
  • L’accès à six consultations d’une heure par année avec un thérapeute dans le cadre du Programme d’aide aux langagiers (PAL)
  • L’accès, en tout temps, à de l’information exclusive dans la section réservée aux membres du site Web de l’OTTIAQ
  • L’accès aux résultats du Sondage sur la tarification et les salaires
  • La participation aux événements de l’Ordre : Congrès annuel, Journée mondiale de la traduction, etc. (tarifs préférentiels)
  • Une assurance-responsabilité professionnelle offerte à un tarif fort avantageux
  • Une information à jour sur les activités langagières grâce au magazine Circuit
  • Un régime d’assurance collective offert moyennant une prime concurrentielle
  • La participation au groupe de discussion virtuel de l’Ordre et les atouts du réseautage
  • L’inscription à la liste des traducteurs de documents officiels : Un grand nombre d’autorités québécoises et étrangères (SAAQ, MICC, universités, etc.) exigent que les documents officiels qui leur sont présentés aient été traduits et certifiés par un traducteur agréé. Exemples de documents officiels :
    • Certificats de naissance, de mariage, de décès
    • Permis de conduire
    • Relevé de notes scolaires ou diplôme
    • Jugement de séparation ou de divorce, etc.

Ce qui distingue le traducteur professionnel des pseudo-traducteur et des « pirates », c’est son professionnalisme, sa compétence, sa formation continue. Et ce qui le distingue de la machine, c’est son savoir, sa culture, ses émotions, son style d’écriture.

Les ordres professionnels, notamment l’OTTIAQ au Québec, s’ils sont une sorte de phare ou de balise pour les traducteurs, dont ils encadrent la profession, sont des remparts pour le public, car leur mission est de le protéger.

  1. Gouadec, Daniel, Le traducteur, la traduction et l'entreprise. Éditions AFNOR, 1990.
  2. Office des normes générales du Canada, Norme nationale du Canada, Services de traduction.
  3. https://ottiaq.org/devenir-membre/

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