Quand le désir de qualité ne fait plus le poids contre les contraintes de temps et d’argent
Au moment de concevoir ce numéro, rien ne m’aurait préparé aux conclusions qui allaient s’en dégager. En effet, à la question « Quelles sont les incidences des outils d’aide à la traduction sur la qualité ? », je m’attendais à des textes comportant des critiques sévères (sinon à une volée de bois vert). C’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Ce numéro réunit des textes plutôt nuancés sur les différents outils. L’article d’Anna Mohácsi-Gorove nous montre qu’une transformation – pas nécessairement dans un sens favorable à mon avis – de la notion de la qualité se dessine depuis les années 1990. Les trois enjeux de base demeurent les mêmes : qualité, temps et argent. C’est le poids de chacun qui fluctue. Dans ce tiraillement entre ces trois pôles, la qualité semble être bien faiblement armée… Que se passe-t-il lorsque le facteur financier et le facteur temps exercent un poids démesuré ? Eh bien, pour atteindre une certaine qualité, on fait appel à la postédition, qui consiste à réviser un texte traduit par ordinateur. Louise Brunette et Geneviève Patenaude décrivent ce processus dans leur article. Pascale Amozig-Buckspan, quant à elle, a décidé de dresser un tableau des avantages et des désavantages des différentes technologies et outils mis à la disposition du traducteur. Claude Bédard décrit de quelle façon la technologie façonne notre Saint Jérôme intérieur…
Les auteurs, chacun à leur façon, semblent arriver au constat que les outils contribuent à assurer une certaine qualité. Ce seraient plutôt les contraintes de temps et les impératifs financiers qui entraveraient la quête de qualité. Qui sont les mieux à même de définir la notion de qualité en traduction ? Saurons-nous tirer notre épingle du jeu en utilisant ce qui nous sert bien, en pointant ce qui ne va pas dans notre champ d’exercice et en fixant la limite de ce qui est raisonnable ? Bref, saurons-nous passer du rôle de saint ermite à celui d’apôtre ?